Fallout 4 est un jeu vidéo développé et édité par Bethesda.
« War. War never changes. » Le jeu commence sur ces mots. Il se termine également de la même façon. Ironiquement, on pourrait également dire que les jeux Bethesda ne changent pas non plus, draguant dans leur sillage les mêmes défauts que leur prédécesseurs.
Comme tout le monde, j’attendais Fallout 4 de pied ferme après sa présentation à l’E3 2015. On nous promettait monts et merveilles, de quoi dire adieu à sa vie sociale. Pour être honnête, je n’avais jamais fait de Fallout avant ce fameux E3. J’étais donc plus attiré par les promesses du jeu que par la licence. A l’époque, ayant beaucoup trop de temps libre, j’avais pris Fallout: New Vegas et, bien que ne l’ayant pas fini, je l’avais trouvé suffisamment attrayant pour doper mon envie de jouer à Fallout 4. Bref, les attentes étaient énormes et il fut difficile d’attendre le premier patch (car je ne prends plus mes jeux day-one).
Force est de constater que la plongée dans le Commonwealth pré et post apo de ce nouvel épisode est saisissante et remplit son objectif : vous déconnecter de la réalité ! On prend effectivement beaucoup de plaisir à juste explorer le monde, découvrir son bled après la bombe, arpenter les terres désertes pour tomber sur un vaisseau extraterrestre, trouver des magazines, des mini-jeux, construire ses baraques…
Franchement, le gigantisme du jeu donne rapidement le vertige.
Et puis, c’est le drame.
Le gigantisme du monde ouvert fait rapidement (presque, compter au moins une vingtaine d’heure avant de ressentir les premiers effets) place à l’ennui. Car tous les défauts des jeux Bethesda ressortent:
- Quêtes génériques à base de « va faire ça pour moi parce que je suis une grosse fainéasse » contre une poignée d’argent. Quand on a 15000 capsules, on n’en a plus rien à battre d’aller secourir le pequenot de service pour 125 capsules de plus. Ca coûte plus cher en munitions que la pauvre récompense obtenue.
- Investissement minimal dans l’histoire principale
- Manque de diversité dans les options d’équipement. D’équipement efficace, précisons.
- L’intelligence artificielle des ennemis étrange. On retrouve les syndromes des pillards qui vous attaquent sans raison particulière parce que vous passez dans le coin. Même après 40h de jeux et très clairement la réputation du mec qu’il faut pas faire chier… Même l’IA des compagnons est débile.
- Tout devient clairement répétitif : buter des gens, construire des campements, explorer des bâtiments qui se ressemblent…
L’ultra customisation, la feature poudre aux yeux qui ne sert à rien : j’ai fini le jeu sans rien crafter (à cause de l’interface et du gain effectif vraiment minime)
Et il ne s’agit là que des problèmes qui ne surviennent qu’après plusieurs heures de jeu. Certains apparaissent quasiment au début:
L’interface pourrave de chez pourrave ! Je ne comprends pas que l’interaction designer n’aie pas été virer après Skyrim ! Naviguer dans les interfaces est un calvaire à jouer ! Le Pip-boy est une aberration avec ses listes déroulantes avec des centaines d’items. La médaille d’or revient à la création de campement, complètement ingérable. Manette ou pas. (Oui, parce que bien évidemment, le jeu n’est pas optimisé pour des commandes sur PC.) C’est bien simple, j’ai arrêté de m’occuper des campements au deuxième. Déjà parce que c’est relou, mais surtout parce que j’en ai un peu rien à faire. Je veux dire, je suis pas non plus obligé de planter des tomates puis dire à un abruti de PNJ de se sortir les doigts du fion pour qu’il s’en occupe. Je suis déjà bien sympa de ramener de quoi contruire des lits, il aurait été appréciable d’avoir une option pour que les gens se débrouille sans moi.
L’histoire est une tristesse absolue. J’avais commencé à faire des journaux façon « Journal en Bordeciel« , mais j’ai rapidement arrêté faute d’intérêt à la fois dans l’écriture mais aussi dans les choses à raconter. Les Miliciens sont des boyscouts sans intérêts, la Confrérie de l’Acier des guignols qui me prennent pour leur larbin, le réseau du Rail est pignoufs idéalistes sans saveur et l’Institut des grands méchants qui n’en sont pas. Oulala ! Si vous n’êtes pas capable de voir le twist du jeu à la seconde où on vous enlève votre fils, je ne peux rien pour vous ! Le gros point noir est le manque d’investissement du joueur dans le monde il est propulsé. Pourquoi rouler sa bosse pour l’un ou pour l’autre ? L’univers est lisse, plat, très loin que ce qu’avait Obsidian sur New Vegas. J’étais réellement pressé d’en finir et passé à autre chose.
Bethesda, et son moteur étrange et rigolo…
En définitive, Fallout 4 est une expérience agréable qui se perd dans la densité de son contenu.
Alors peut-on vraiment jeter la pierre à ce Fallout pour être une déception sur le long terme ? Oui et non. Les mondes ouverts ont toujours les défauts de leur qualité. Trop de contenu tue le contenu. Et Todd Howard n’y est pas allé de main morte avec son dernier bébé. De la customisation à foison, des quêtes à outrance, au point de rendre son jeu insipide passée la découverte. Fallout 4 est une belle collection de systèmes, pas tous très bien désignés, sans cohésion ni équilibrage !
Le pire reste le manque de finitions. Ca reste la marque de fabric’ d’un Bethesda : faire un jeu, laisser les moddeurs le finir. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi Bethesda ne profite pas du retour d’expérience des mods pour améliorer leurs jeux de façon significative. Fallout 4 est juste un Fallout 3++, il aurait été logique de prendre le meilleur des mods de Fallout 3 et de le digérer dans Fallout 4. Mais non ! Et laisser le jeu au bon soin est moddeurs est à double-tranchant. On en discutait avec un collègue, pour arriver chacun aux mêmes conclusions : dans la plupart des cas non cosmétiques, le mod ne rend pas le jeu meilleur, mais meilleur pour le mod qui le casse (en changeant arbitrairement des données de jeux à sa convenance, pour par exemple avoir plus de munitions).
Ne passons pas plus de temps que prévu sur Fallout 4. Je n’ai clairement pas fait le tour du jeu, laissant des quêtes et des zones inexplorées mais le jeu ne fait rien pour m’investir passée la phase de découverte. Le jeu est bon, saura vous en donner pour votre argent mais laissera un goût amer dans la bouche : celui d’un AAA qui se perd en chemin. Dommage. Je crois que je recommanderai plus un Skyrim ou New Vegas qu’un 4, en définitive…
Et puis, on va pas se leurrer non plus : Fallout, c’est juste la licence Bethesda qui fait patienter entre deux Elder Scrolls…