One Day est un film réalisé par Lone Scherfig (Une Education), Anne Hathaway (Le Diable s’habille en Prada) et Jim Sturgess (Across The Universe), d’après un scénario de David Nicholls inspiré de son propre livre.

Emma rencontre Dexter le 15 juillet 1988. Emma aime Dexter, Dexter aime Emma. Et pourtant, comme dans toute comédie romantique Emma et Dexter vont être tenus séparés par les aléas de la vie. Suivez pendant 20 ans de ces deux vies, tous les 15 juillet

Ça faisait longtemps que je n’avais pas parlé d’une comédie romantique du ce blog. Réparons ce manque (quoique visiblement, l’amateur de romance n’est clairement pas mon lectorat premier) avec One Day. Soit Un Jour en français, à ne pas confondre avec Un jour, peut-être (Definitly, maybe) qui était clairement mieux dans le genre.

Attention, pour les besoins de ma chronique, je vais spoiler à mort sur le film.

Sans aller à me poser en expert en comédie romantique, j’en ai vu tout de même un paquet, au même titre que les teen-movies ou les films de sf. La tonne de films que j’ai pu voir me permet dès à présent de vous livrer un secret en matière de film à romance. Il en existe deux catégories : ceux qui finissent bien, et ceux qui finissent mal. Rien d’exceptionnel, me direz-vous. Mais quand vous commencez à vous plonger dans la structure d’un film et ses variations émotionnelles, vous pouvez à l’avance deviner dans quelle catégorie le film d’amour que vous regardez se situe.

Ce n’est pas très compliqué. Vraiment. Regardez votre film. Appréciez ou non ce que vous voyez, cela n’a pas vraiment d’importance, ce que vous attendez, c’est le moment où le couple avec les acteurs dont les noms sont en gros sur l’affiche finit par se mettre ensemble. Regardez alors votre montre : depuis combien de temps le film est commencé ? 1h10/1h20 ? C’est un film qui va mal finir ! L’avant dernier acte se terminant par une note joyeuse implique nécessairement que le dernier acte, et donc le film, se terminera par une note dramatique (dans 82% des cas, la mort de la nana).

Si à l’inverse, au bout d’une 1h20, vous avez l’impression que la relation vient d’atteindre un point de non retour et qu’il est impossible que le film se finisse bien, c’est que le couple star finira ensemble.

Cherchez pas, c’est mathématique ! Enfin, si le film est bien écrit car l’ascenseur émotionnel est obligatoire pour transporter le spectateur dans du bigger than life.

Sachant cela, je viens de vous pourrir quasiment à vie toutes les comédies romantiques ou presque que vous regarderez (et j’aurai moins l’impression de me sentir seul). Bien sûr, ce canon d’écriture s’applique à la plupart des films.

Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ? Parce qu’en commençant One Day, vous savez comment il va finir. Pire, ce film a un arrière-goût de déjà vu dans son twist final. One Day finit mal, autant le dire tout de suite. Honnêtement, j’ai du mal à comprendre comment le livre a réussi à ce vendre aussi bien uniquement par du bouche-à-oreille à base de – j’en suis sûr – « tu vas voir, la fin va te laisser sur le popotin ». Sérieusement, construire un livre en se basant uniquement sur un twist final dramatique lié la fatalité ou la « faute à pas de chance », c’est d’une pauvreté sans nom ! A ce tarif, ce n’était même pas nécessaire d’attendre 20 ans, tout aurait pu se faire en 1988. Un peu comme dans Remember Me, autre film romantique qui est sensé choquer le spectateur de par son twist final dramatique (sauf que dans Remember Me, il faut se frapper aussi Robert Pattinson…)

Emma va mourir comme une abrutie, par une fatalité de la vie. Un accident de vélo. Un banal accident de vélo ! (Autre règle d’écriture : si un personnage prend un vélo à un moment de l’histoire, son espérance de vie vient de dramatiquement chuter vers 0). Quoi de plus bidon et éculée comme mort à la noix que l’accident de vélo ? Sans compter qu’elle ne portait pas de casque ! Cela reste mon avis, mais je crois que Monsieur Nicholls a vu comme tout le monde La Cité des Anges avec Meg Ryan et a dû se dire « Tiens, je vais repomper : le film est sorti il y a longtemps, tout le monde a oublié que Meg Ryan meurt comme une pauvre tâche, n’est-ce pas ? ».

Ce twist final a fini de m’achever. Déjà que, basiquement, ce film n’existe que parce que Emma et Dexter sont incapables d’exprimer correctement leurs sentiments ou de se battre pour eux à l’instant t… (oui, parce qu’il faut savoir que le film aurait pu être bouclé en 1988 sans forcément nous faire subir 20 années de rebondissements tous plus ou moins inintéressants les uns que les autres). Mais là… faire mourir Emma… stupidement en plus de tout le reste…

En plus, mais faire une histoire d’amour qui s’étale sur des années, c’était pas un peu déjà le concept de 7 ans de séduction avec Amanda Peet ? (je sais pas, je demande, je ne l’ai pas encore vu)

Au final, il faut voir One Day non pas comme une comédie romantique (non, parce que sinon, vous perdez votre temps) mais comme le parcours initiatique d’un homme qui essaie de chercher un sens à sa vie pendant 20 ans. Je vous donne le deuxième degré de lecture tout de suite mais ça ne rend pas forcément le film meilleur, hein ?

Quoi pour sauver ce film ?

  • Anne Hattaway qu’il est toujours agréable de voir à l’écran (même si la taille de ses dents est toujours un peu flippante au départ).
  • Jim Sturgess dans les hauts et les bas de son personnage.
  • Un très intéressant travail de reconstitution des 20 années du film, surtout via les costumes.
  • Peu de clichés sur les passages en France (aucune DS dans le champ, c’est rare ! Vous aurez tout de même une 4L et le wagon WV de Louis la Brocante…).
  • Le travail sur la photographie était plutôt sympathique en fonction des époques.
  • Quelques dialogues intéressants comme « I love you, Dexter. I just don’t like you anymore. » (comme d’habitude, il suffit de regarder la bande annonce pour les avoir)

Bon, One Day n’invente rien et m’a passablement énervé en définitive. Vous faîtes ce que vous voulez avec les films romantiques que vous choisissez de voir mais celui-ci me semble particulièrement dispensable. Sinon, si vous voulez voir une bonne histoire avec un couple qui se brise à cause d’un accident de vélo, je vous conseille Single Father avec David Tennant (mini-série en 4 épisodes, hautement mieux écrit et plus intéressante au final).

commentaires
  1. Caroldoc dit :

    Je ne sais pas pour le film dont tu parles, mais l’histoire d’amour qui s’étend sur des années (sans aller jusque 20), pour moi ça me rapelle quand même vachement Quand Harry rencontre Sally.

    • Oliver Castle dit :

      Oui, les comédies romantiques ont tendance à s’étaler dans le temps… Ca rend d’autant plus formidable la happy end !

      • Caroldoc dit :

        Mouhahaha !
        Sans déconner ?

      • Oliver Castle dit :

        Ouais, sans déconner. Le sentiment de satisfaction est une chose importante. Souvent, le spectateur n’attend parfois rien de plus que ce qu’il avait prévu et demandait… Ça se vérifie souvent en projection test : rappelle-toi ma chronique sur Pretty In Pink (je suis fourbe, je mets des retro-liens dans mes comm’).

  2. […] un jour, je vous parle de Zombieland), Jenna Elfman (Dharma & Greg), Patricia Clarkson (One Day) et Emma Stone (Crazy, Stupid, […]

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