Une des premières choses qu’on me demande depuis que je suis arrivé en Norvège, c’est de savoir si j’ai commencé à apprendre la langue, à quoi ça ressemble et si c’est dur.
La réponse est oui. J’ai mis un peu de temps à m’y mettre, le temps de m’installer, de voir ce que je pouvais faire, à quel prix… Il se trouve en fait qu’il y a une école juste à côté du boulot, donc plus que des considérations pécuniaires, c’est surtout le côté pratique qui m’a poussé à aller chez Alfaskolen en particulier. J’ai donc commencé en Mai dernier à apprendre la langue des locaux.
En toute honnêteté, apprendre la langue n’est pas obligatoire et entraîne des investissements en temps et en argent bien dispensables parce que tous les Norvégiens parlent anglais. Tous ! Il est donc vraiment facile de communiquer avec les autochtones, même si ces derniers commencent systématiquement par vous adresser la parole en Norvégien. Ca me fascine réellement de voir que tout est capable de parler en Anglais, allez faire l’essai à Paris qu’on se marre un coup !
En revanche, s’il est possible de faire la feignasse (j’ai un collègue américain ici depuis 8 ans qui commence seulement à apprendre…), ça devient assez vite fatiguant de vivre dans un environnement où vous pigez que dalle à ce qui se raconte. De plus, je suis assez partisan de l’effort d’intégration : la Norvège est un pays que j’adore, dans lequel j’ai envie de rester, il me semble donc naturel de me sortir les doigts du fondement pour apprendre à communiquer. A noter que nombre de papiers officiels, notamment des permis de travail permanent, des permis de séjour permanent, etc. requièrent de passer un examen pour attester que vous n’êtes pas des quiches en norvégien afin d’être validés. Et puis, je fais parti de ces gens qui apprécient apprendre des langues (ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille quand j’étais plus intéressé par l’Anglais en prépa-math et par le Japonais en école d’ingé), c’est le genre de masturbation intellectuelle qui me plaît.
Comme n’importe quel apprentissage de langue une fois que vous êtes sortis du cadre scolaire, votre progression est découpés en niveau : A1, A2, B1, B2, B3, C1, etc. Plus vous grimpez dans les niveaux, plus on rajoute des couches de complexité. Les fameux examens sus-nommés nécessitent au moins du B2 si ma mémoire est bonne. A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai achevé A2. Ce qui me permet de baragouiner des trucs basiques comme commander un billet de train. Sauf qu’on commande les billets de train avec des bornes automatiques… Mais là n’est pas la question !
Je fais deux fois deux heures par semaine, sans compter les exercices à faire à la maison. L’école propose également des sessions par semestre pour avoir plus de jours par semaine. Vous apprendrez la même chose, mais sur un rythme moins intense sur une durée équivalent et pour un peu moins cher. Je paye entre 350 et 450€ chaque session de 5 à 6 semaines. C’est une école privée, donc assez chère. Après, et malheureusement, les tests que l’on passe ici ne sont pas des pré-requis pour passer au niveau supérieur, ce qui peut impliquer des gens qui n’ont pas nécessairement le niveau pour vous accompagner.
Autre point noir, je trouve certains groupes trop nombreux (>10) pour être réellement efficaces, en dépit des petits jeux de rôle pour nous faire parler.
Alors, la question qui tue : est-ce que c’est dur ?
Et bien, c’est moins dur que le Japonais, pour sûr. Et c’est moins dur pour moi que ça peut l’être pour des Indiens par exemple. En fait, si vous vous débrouillez en anglais et grâce à votre connaissance de la grammaire française, vous vous en sortirez par effet d’analogies. Après, cela dépendra essentiellement de votre faculté d’adaptation et de votre motivation.
Finalement, la prononciation des lettres norvégiennes n’est pas si éloignée du français, comparée aux diphtongues de l’Anglais qui nécessitent une patate chaude dans la bouche pour être proches du correct. Un u se dit « u », un o « ou », un a « a », un e « é/è »… Après, il y a des sonorités pas faciles à appréhender, comme le i et le y. Techniquement, les deux ont même son « i » ; le premier nécessite de le faire avec le sourire, le deuxième avec les lèvres en avant… Une subtilité qui échappe à mon oreille pas musicale pour deux sous. On vire aussi les trucs un peu inutiles genre « -que », les sons de ce type étant remplacés par des k. Les trois lettres exotiques sont å, ø et æ, respectivement prononcées « o », « eu » et « a », mais pas le même « a » que le a…
Après, les profs ont tendance à dire que vous prononcez ce que vous voyez, a contrario du français qui rajoute des trucs qui se disent pas. Les fameux « -que », x et s des pluriels, « -eau » et j’en passe. Ceci étant, plus vous avancez, plus vous constatez que c’est un peu la poêle qui se moque du chaudron, le norvégien ayant lui aussi tendance à ne pas prononcer certains d, certains g ou à changer la prononciation de k en « gue »…. Par exemple, le « fjord » que j’utilise pour titrer cette série d’articles se prononce « fiorde » à la française ; à la norvégienne (donc techniquement la vraie prononciation parce que des fjords, on n’en trouve qu’en Norvège) ça se prononce « fiour »…
Bref, tout ça pour dire que oui, j’apprends le norvégien et que non, ce n’est pas hyper compliqué. Et puis en fonction des professeurs on fait des trucs marrants et on reçoit des Kinder si on travaille bien…