Dungeon Fighter est un jeu de Lorenzo Silva, Lorenzo Tucci Sorrentino et Aureliano Buonfino, illustré par Giulia Ghigini, distribué chez nous par Iello.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas chroniqué un jeu de société. J’ai eu l’occasion de tester cette nouveauté Iello chez mon dealer habituel vendredi dernier. Comme c’était ça ou un journal en Bordeciel, j’ai décidé de changer un peu les habitudes du lundi.
Dungeon Fighter se classe dans la catégorie des « dungeon crawling ».
Mais qu’est-ce donc ? me demanderez-vous.
Il s’agit du style de jeux que j’apprécie le moins.
On s’en fout ! ajouterez-vous, plus intéressés par la teneur effective et le gameplay de ce style de jeu.
Et bien il s’agit alors d’un groupe d’aventuriers (incarnés par les joueurs) un peu crétins qui ont décidé de s’enfermer dans un donjon et de l’explorer de fond en comble pour amasser trésor et richesse, tout en sachant pertinemment qu’ils ont toutes les chances d’y rester parce qu’un boss vilain les attend au bout du dernier couloir. En terme de jeu, vous rentrez dans une pièce, un monstre baveux apparaît, les aventuriers usent de leurs pouvoirs et de leurs haches pour le zigouiller (donc, lancent des dés) et passer dans la salle suivant. Rincer et répéter jusqu’à ce que mort s’en suive.
Chaque joueur incarne un type de personnage issu de la mythologie fantasy classique (voleur, mage, barbare, etc.). Ils ont des points de vie, des pouvoirs associés à une couleur de dé et ensemble, ils vont se débrouiller pour s’en sortir.
Mais les italiens derrière le jeu sont des gros déconneurs et ont décidé d’apporter un peu de fun dans le style. Le donjon est assez accessoire, l’important c’est la cible au centre de la table. Normalement, dans un dungeon crawling classique, on dit le pouvoir qu’on utilise, on lance un dé et le résultat détermine la tourte qu’on balance dans la sale gueule du monstre. Dans Dungeon Fighter, c’est différent.
On choisit son pouvoir, donc une couleur de dé (pour peu qu’il n’ait pas été utilisé par un autre joueur avant), et on lance le dé sur la cible (avec un rebond avant sur la table). En fonction de la où s’arrête le dé sur la cible, on détermine la puissance de la tourte susnommée (plus c’est vers le centre, plus elle est grosse). Si le dé finit en dehors, c’est raté. Si le dé finit sur la face spéciale on déclenche le pouvoir spécial de son personnage. Logique.
Attends, on lance des dés sur une cible…
Oui. C’est un jeu particulièrement bête. Fonction du monstre que vous allez rencontrer et des cartes que vous allez acheter au magasin grâce aux piécettes chèrement récupérées sur des cadavres, votre lancé de dé va varier : par dessous la jambe, les yeux bandés, avec la main de votre voisin, à un mètre de la table…
C’est pas bête, c’est carrément débile en fait !
Et oui ! Dungeon Fighter ne se prend pas au sérieux et privilégie la bonne ambiance autour de la table.
Vous lancez le dé, si vous finissez la cible, le monstre se prend des points de dégâts, sinon, le monstre riposte et vous assène une attaque. Il y a trois dés (vert, bleu, rouge), quand ils ont été utilisés et que le monstre n’est pas encore mort, un choix s’offre à vous : utiliser des dés bonus supplémentaires (chèrement acquis) ou bien se prendre une tournée générale de baffes du streum pour avoir le droit de réutiliser de nouveau les 3 dés. Les cartes d’armes rajoutent des dégâts, les armures vous protègent, les potions donnent des bonus variés défaussables… Mais dans tous les cas, vous allez prendre cher ! Car 3 dés pour buter des monstres de plus en plus forts et vicieux, c’est peu.
Le jeu peut se jouer de 1 à 6, avec 3 niveaux de difficulté. J’ai testé à 3, 5 et 6, toujours en difficulté normale. On n’a jamais réussi à survivre jusqu’au boss de fin (soit une dizaine de monstres à affronter avant de le rencontrer).
C’est l’un des gros points noirs du jeu. Il se veut fun, familial, ambiance déconne… mais il est ultra dur ! On passe son temps à mourir. Et si tout le monde meurt dans le même combat, c’est la fin (sinon, votre personnage, mais amputé d’un pouvoir). Et on a joué en normal, en coopératif. Dungeon Fighter se place très clairement en concurrence directe avec Le Donjon de Naheulbeuk d’Antoine Bauza, et honnêtement, le deuxième est clairement moins frustrant (et encore plus débile). Ou on était très mauvais, ou le jeu souffre d’un équilibrage bizarre (ah oui, on appelle ça « la chance » !).
Bon, au moins, c’est pas compliqué à jouer ou à expliquer.
Au niveau du matériel, c’est plutôt mitigé avec de la bonne qualité (cartes toilées par exemple) et du cheap (les cartes de personnage et donjon par exemple). La boite propose une tour pour ranger les cartes monstres et trésor. C’est sympa, mais ça sert à rien (vraiment à rien, des piles dans un coin de la table auraient suffi et le prix aurait été encore plus familial) et c’est relou, ça tombe si on fait pas gaffe…
Au niveau des illustrations, je sais bien que c’est « chacun ses goûts », mais n’en déplaise à Iello et Giulla Ghigini, mais je les trouve particulièrement moches. Pas aussi hideuses qu’un Dungeon Pets, mais c’est pas loin.
Bon, vous l’aurez compris, Dungeon Fighter, c’est pas ma came. Moi, je pousse des kukambois avec de la réflexion dedans, je cultive des champs, je gère des domaines, je tape sur des samurais… Et pourtant, au regard des jeux de société que je crée ou de certaines pièces de ma ludothèque, je suis vraiment pas le dernier sur les thèmes à déconne. Mais là, la sauce n’a pas pris. Après nul doute que si vous aimez les ambiances fun Et les dungeon crawling ET les jeux d’adresse ET les jeux de hasard chaotique, vous devriez apprécier. C’est très ciblé quand même…