Dans l’épisode précédent…
Frères et sœurs de couvée, il viendra nécessairement un moment où vous devrez quitter votre marais natal pour explorer le monde. Les plus aventuriers iront même jusqu’en Morrowind. Les plus stupides ou les plus malchanceux comme votre serviteur finiront en Bordeciel. Afin que mon expérience profite au plus grand nombre, j’ai décidé de rédiger un petit guide de survie en Bordeciel à l’attention de mes compagnons argoniens.
Bordeciel est un pays rude, avec un climat rude et peuplé de gens rudes… et particulièrement xénophobes. Arpenter les terres gelés de Bordeciel n’est pas une partie de plaisir, c’est même un combat de tous les jours. Si le Nordique (on ne dit pas Bordecielien, on dit Nordique… le Nordique possède un vocable limité) a naturellement tendance à appeler le premier argonien venu « Fils de Dragon » à cause de notre faciès saurien, il faut savoir que le Nordique a peur des Dragons. Mû par une éducation inexistante et des croyances ancestrales ridicules, le Nordique attaque donc à vue tout ce qui ressemble de près ou de loin à un Dragon. Votre premier ennemi en Bordeciel est donc le blond. Ou la blondasse, dans sa version femelle. Ne vous méprenez pas, la blondasse manie aussi bien la hache à deux mains que son partenaire d’accouplement naturel !
Règle numéro 1: Un Nordique inoffensif est un Nordique avec une gorge tranchée !
Si vous trouverez un vague répit dans les villes où la civilisation a rattrapé leur barbarie naturelle, en dehors des enceintes sécurisantes rien ne vous sera épargné ! Le plus petit crabe des vases viendra vous attaquer, il vous pourchassera et n’en aura pas fini tant que vous n’en aurez pas fait des bâtonnets de surimi ! Et oui, car la première sélection naturelle s’effectue avec le crabe de vase ; celui qui meurt sous la pince d’un crabe n’est pas digne d’être nordique.
Et le crabe n’est que le début d’une longue chaîne alimentaire dont vous serez le plat principal : loups, ours, ours troglodyte, trolls, trolls de glace, smilo…smili… smolid… bâtards de chats à dents de sabre, bâtards de chats à dents de sabre des neiges… il n’y a guère que le lapin de garenne qui ne vous attaquera pas à vue ! Et encore, j’ai eu ouïe-dire d’un lapin qui garderait l’entrée d’une grotte qui ne pourrait être affronté qu’avec une sainte relique explosive…
Mais il existe un mal bien plus retord que le crabe, bien plus fourbe que le Nordique, bien plus crétin que le géant qui fait paître ses mammouth (l’un et l’autre étant relativement inoffensifs tant que vous les contournez d’un bon quart de mile) : le nordique mort !
Car en Bordeciel, le nordique ne meurt pas vraiment ! Il se zombifie, il se conjure, il se ressuscite ! D’où l’explosion de la bulle nécromancienne. En arpentant Bordeciel, nécessairement, à un moment où un à autre, vous devrez tuer un nécromancien, entretenant ainsi le cycle naturelle d’une mort éphémère jusqu’à la venue du prochain nécromancien dans le coin…
Si mon récit vous faisait déjà froid dans le dos à l’idée d’affronter du Nordique vivant, attendez d’en affronter des morts ! Encore plus moches et plus bêtes que leurs homologues au palpitant en état de marche ! Le zombie (j’ai appris plus tard que dans le pays, on disait Daugr…) se classifie en plusieurs catégories. Catégories que je me fais fort de vous présenter afin de mieux vous prévenir des dangers qui vous menacent.
Le zombie de base passe sont temps à dormir et ne se réveille QUE pour buter des argoniens. Pas les nordiques, QUE les argoniens ; croyez-en ma longue expérience. Il suffit de passer en silence et de le tuer avant qu’il n’ouvre son œil plein de crottes.
Ce même zombie se décline en différents niveaux de puissance, certains lancent même des sorts. Mon conseil pour les affronter : invisibilité et coup dans le dos.
Le daugr possède sa propre société, sa propre hiérarchie et il n’est pas rare de rencontrer au fin fond d’un tertre (jamais avant !) un seigneur zombie. Si vous avez des doutes, le seigneur zombie possède un casque à cornes. Toujours. Mon conseil pour l’affronter : invisibilité et coup dans le dos.
J’ai récemment rencontré un nouveau type de zombie : le zombie ectoplasmique. Rassurez-vous, ce n’est que de la poudre aux yeux, ils ne sont ni plus méchants, ni moins bêtes que les autres. Mon conseil pour l’affronter : invisibilité et coup dans le dos.
Le zombie ectoplasmique est souvent accompagné d’un chien zombie ectoplasmique. Mon conseil pour l’affronter : invisibilité et coup dans le dos.
Bien sûr vous rencontrerez également nombre de squelettes. De ce que j’ai pu voir, c’est essentiellement du squelettes de Nordique, jamais du squelette d’elfe ou d’argonien. Si vous manquez de chance, vous tomberez également sur du squelette de dragon. Mon conseil pour affronter les squelettes nordiques : invisibilité et coup dans le dos. Mon conseil pour affronter les squelettes dragons : arc !
Mais ce n’est pas tout. Il n’y a pas que des zombies en Bordeciel. Les argoniens sont aussi attaqués par des fantômes ! Les fantômes de zombie, d’une part. (Oui mes frères et sœurs de couvée, le fantôme de zombie ! On ne se refuse aucune démesure ni excentricité dans l’outremonde de Bordeciel).
Et le fantôme squelette, d’autre part. C’est plus un effet de manche qu’autre chose mais le fantôme squelette est singulièrement plus vicieux que la moyenne. Mon conseil pour les affronter : invisibilité et coup dans le dos.
Attention ! Parfois, vous allez rencontrer des fantômes ni zombie ni squelette ; ce sont des gentils fantômes ! Ils apparaissent un peu quand ils veulent, il ne peuvent pas vous attaquer et vice-versa. J’ai longtemps étudié le cas de ces fantômes pacifiques (pensez-bien, dans un pays où le moindre crabe veut vous étriper, j’étais fasciné par cette manifestation ectoplasmique qui se contrefichait de ma pomme). Il s’avère que ce sont des guides touristiques ! Ils vous expliquent le passé de l’endroit que vous visitez en vous faisant revivre les moments-clé du lieu. Mais si vous êtes dans une grotte sombre, vous êtes probablement là parce qu’un Nordique vous a fait miroiter une somme pécuniaire non négligeable tandis qu’il ne voulait pas lui-même bouger son tas de graisse : en d’autres termes, vous n’êtes pas venus faire du tourisme !
Enfin, il est possible, si vous acceptez vraiment tous les plans foireux qu’on vous propose, que vous tombiez nez-à-nez avec un seigneur-liche-prêtre-dragon-mon-cul-sur-la-commode. Votre serviteur avoue sans honte qu’il ne sait pas le nom réel que les locaux donnent à ce genre de uber-zombies ; votre serviteur a appris qu’en Bordeciel on tranchait des gorges avant de poser les questions. Vous reconnaîtrez facilement ces uber-zombies. Déjà parce qu’ils volent. Aussi parce qu’ils parlent. Et comme tout vilain qui se respecte, ils font un monologue sur leur puissance. Mon conseil pour les affronter : invisibilité et coup dans le dos durant le monologue…
Ah, j’allais oublier les vampires… Pas de pieu, de croix, d’ail ou quoi que ce soit du genre. Invisibilité et coup dans le dos suffisent.
Point n’est besoin de plus d’argumentation pour vous faire comprendre que, mon conseil pour affronter les dangers que représentent Bordeciel et sa horde d’échappés de l’enfer, le mieux… c’est encore d’éviter de vous rendre dans ce pays de merde !
Vane Khrimsöm. Je dédie ce guide pratique à mon père, sans qui je n’aurais jamais eu l’idée de parcourir le monde à la recherche d’aventures…