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Shadowrun: Dragonfall est un jeu développé par Harebrained Schemes disponible sur PC, Mac et tablettes.

Vous êtes un runner fraîchement débarqué à Berlin. Au cours de votre première mission avec une vieille connaissance, tout va nécessairement partir en couille en cinq minutes et vous embarquer dans des machinations conspirationnistes avec un dragon.

Du Shadowrun classique, quoi ! Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est Shadowrun, il s’agit à l’origine d’un jeu de rôle papier futuriste et cyberpunk qui intègre de lourds éléments de fantasy comme les nains, les elfes et la magie. Un mix de genre, en somme. J’ai eu l’opportunité d’être joueur sur une campagne Shadowrun d’un an. Si j’apprécie les jeux futuristes, ils ont pour moi l’inconvénients d’être des usines à gaz en terme de micro-gestion (notamment l’inventaire) souvent au détriment du plaisir de jeu. Pour cette campagne, j’avais donc choisi de faire un avocat pur mage qui ne savait pas se battre, ni au corps-à-corps ni à distance, qui n’avait aucun sort de combat (que de l’illusion), qui ne pigeait absolument rien aux ordinateurs et qui comptait uniquement sur sa chance naturelle et sa grande gueule pour s’en sortir. En un an de Shadowrun, mon personnage avait réussi l’exploit de ne tuer aucun PNJ et celui d’avoir sa tête mise à prix par le reste des joueurs autour de la table (une sombre histoire de triple bluff qui a failli coûter la vie des autres runners et qui m’avait rapporté un paquet de thunes sur leur dos…). Bref, je m’étais super amusé !

Du coup, j’étais curieux de revenir à l’univers de Shadowrun. Et à défaut d’avoir une table réelle, il y a les jeux vidéo. Dont ce Dragonfall récupéré sur une promo Steam.

Il s’agit d’un jeu tactique au tour par tour dans lequel vous dirigez une escouade de runners. Exactement comme X-COM. Sauf que X-COM est laaaaaargement mieux à tous les niveaux, surtout technique et tactique. Les combats ne sont pas spécialement compliqués, tant au niveau de leur difficulté que sur la façon de les appréhender. En effet, vous ne disposez que de 4 membres à gérer parmi un choix de 4 PNJ principaux et des mercenaires dont vous vous ficherez… Les possibilités de personnalisations pour vos coéquipiers ne sont pas folichonnes et vous finirez probablement par vous trouverez une équipe qui roule sans trop vous poser de questions et qui dépendra essentiellement de votre propre choix de classe.

Votre classe sera à déterminer parmi street samurai (CàC ou distance), mage (pur, adepte ou shaman), rigger (decker ou drone) avec finalement assez peu de personnalisation comparée au matériel de base. J’ai fait un pur mage. Rétrospectivement, c’était sûrement pas le meilleur choix, le jeu faisant clairement la part belle aux protagonistes orientés « matrice » de part les choix possibles (allez dans la matrice, utiliser son intelligence, etc.).

Le jeu est un portage de version tablette (ou, dans le meilleur des cas, simplement pensé pour être multiplateformes). En d’autres termes :

  1. c’est esthétiquement moche sur PC (sur tout ce qui est 3D, les décors 2D sont jolis à regarder)
  2. c’est fonctionnellement très limité
  3. c’est ergonomiquement assez pourrave.

Sur l’histoire, comme je le disais plus haut, c’est très classique pour du Shadowrun. Une mission tourne mal et vous vous retrouvez au cœur de machinations qui vous dépassent avec un potentiel catastrophe qui croit à chaque retournement de situations (tous plus ou moins attendus, ou devinables pour peu que vous ayez fait un peu du jeu de rôle papier avant). Considérant son héritage, l’accent est mis sur le role-play et sur la façon dont vous déciderez d’incarner votre personnage. Dans les dialogues, certes, mais aussi sur des décisions en jeu pour gérer certaines crises. En soi, c’est super. Dans la pratique, c’est sous-exploité : vous n’aurez que très rarement des conséquences sur vos décisions et aucun arbre narratif. Vous suivez une trame narrative dont vous ne dévierez pas et dans laquelle je ne me suis pas spécialement senti investi en dépit de mes choix extrêmes. Mais au moins, vos co-équipiers ont des histoires personnelles intéressantes…

De plus, je l’ai trouvé assez mal équilibré. En tant que mage, j’ai finalement assez peu eu l’occasion de briller dans les dialogues, rarement en combat (sauf à la fin du jeu avec les sorts les plus puissants et les stats boostées au max. Il manque pas mal de fonctionnalités basiques (genre donner un item à un coéquipier en mission) et son côté simpliste réussira à attirer le joueur occasionnel mais laissera sur le carreau ceux qui cherchent un jeu de la trempe de X-COM.

Le jeu est normalement disponible pour 15 euros. Ce que je trouve personnellement trop cher pour un jeu de ce calibre. Car en dépit de sa durée de vie (30-40 en hard), il reste pas moins vrai que ce n’est qu’un jeu de qualité « tablette », un portage au frame-rate chancelant et aux bugs présents (et bien présents, une demi-douzaine de crashs et autant de combats à recommencer de zéro…). De plus, les réfractaires à l’anglais pourront carrément passer leur chemin car il n’y a pas de traduction proposée.

Shadowrun: Dragonfall est un jeu sur lequel j’ai passé un agréable moment sans pour autant être porté par le jeu. A réserver aux amateurs du jeu de rôles papier ou à ceux en manque de jeu tactique au tour par tour… De préférence en période de promotion.

Dans l’épisode précédent…

Vendredi 10 Avril

Minuit et demi. J’envoie un mail à Emma. En retravaillant mon propre script, je repense à un défaut que j’avais cru lire dans le sien, lui en fait part et lui propose humblement une solution pour améliorer son texte et se rapprocher plus de l’intitulé du sujet, notamment sur la notion de « cadeau ». C’est ma copine de galère, je ne vois pas pourquoi je ne l’aiderai pas si ça peut améliorer son texte. Cette expérience folle est aussi une expérience d’échange ; après, c’est elle qui décidera ce qu’elle en fait.

1h30. J’ai tout juste fini d’écrire la 4ème version du scénario quand je reçois un mail de Pierre avec des commentaires sur la toute première version envoyée 8 heures plus tôt. Et là, c’est le drame : il n’aime pas l’intervention du dragon ! J’ai plus le temps de trouver une fin alternative, tout ce que j’espère, c’est que les itérations successives rendront son apparition justifiée. J’étais sur le point de partir, finalement, je commence la cinquième version du script à partir de ses commentaires.

3h. Les irréductibles travailleurs nocturnes ont tous jetés l’éponge. C’est mon tour et il ne restera plus que Jean-Baptiste en vaillant marathonien solitaire dans la nuit. J’envoie la dernière version du script, fébrile : je ne sais pas si la fin plaira à Pierre et je n’ai toujours pas de titre.

Couché 3h30, réveil 8h. C’est horrible. J’ai à peine bouffer une pomme au diner, je saute le petit déjà’… Oui, c’est n’importe quoi !

A 10h, Emma et moi retrouvons nos parrains. Emma qui était venue travailler de bonne heure, de bonne humeur, me fait savoir que la deadline pour remettre sa copie n’est plus 14h mais 13h ! Pour des sombres histoires d’impression de documents pour le jury. Not cool… On a donc maintenant seulement trois heures pour :

  1. Récupérer les retours de nos parrains,
  2. Réécrire tout ce qui va pas,
  3. Valider tout ce qui a été réécrit.

Et histoire de corser le défi, nos parrains ne découvrent les nouvelles versions de nos textes qu’à 10h…

On entre alors en mode warriors. Charlotte et Pierre vont maintenant être 100% du temps avec nous, chacun notre tour, pour pousser nos scripts dans les derniers retranchements de la perfection ! On n’a plus le temps de se pignoler sur les mots, pourtant on le prend (merci le relais wifi neurasthénique pour fouiller sur un dico de synonymes en ligne !). J’avais toute la fin à retravailler pour la rendre plus rythmée, et le dragon passe finalement très bien avec la nouvelle direction écrite quelques heures plus tôt. La bonne nouvelle, c’est que les textes qu’ils découvrent sont dans un état qui ne demande pas des corrections dramatiques ni pour moi, ni pour Emma. Même avec une heure de moins, ça devrait passer. On n’est pas large-large, mais il y a clairement plus stressé que nous dans la salle du bac !

J’ai trouvé un titre sur un malentendu, en discutant avec Emma et Charlotte. Trouver un titre est toujours délicat. Trouver le bon titre est une véritable galère. Le plus dur étant de garder l’effet de surprise. Et c’est en disant ça que Emma et Charlotte me regardent, tiltant toutes les deux en même temps. L’effet de surprise. Les Fées de Surprise… Bim !

Dernière relecture de Pierre, derniers pignolages et je peux remettre ma copie anonyme, avec mon numéro (quand je vous disais que c’était une épreuve du bac !). Pierre et Charlotte semblent extrêmement satisfaits des textes qu’Emma et moi remettons au jury. On a deux univers différents, deux traitements différents, deux textes compétitifs selon les termes de nos parrains.

13h. Tout le monde relâche la pression, c’est l’heure de partager un nouveau repas en terrasse, tous ensemble (ou presque), de lyncher une nouvelle fois le film d’ouverture et de se raconter nos expériences respectives avec nos parrains. J’écoute certains et je me rends compte qu’on est vraiment tombés sur des perles avec Charlotte et Pierre ! Plus les gens parlent de leur texte, plus le doute commence à monter. Des doutes idiots comme « est-ce que j’ai bien remis la bonne version du script ? », « mon script fait 23 pages, c’est beaucoup trop comparé à la moyenne des autres » et j’en passe…

Je retrouve ma marraine dans l’après-midi pour s’improviser un pot puis voir son intervention « Mes Premiers Pas » pour l’espace Bleus. C’est toujours intéressant de profiter de ce genre d’interventions, mais au regard de mon parcours et de mes envies, je réalise qu’une simple accréditation Bleus m’aurait vite frustré…

Le soir, on profite d’une soirée « After » dans un bar-restau chic prout-prout dont je tairai le nom par égard pour l’établissement et la qualité déplorable du-dit after. Zéro ambiance (voilà ce qui arrive quand on prend un DJ dont le boulot se limite à lancer une playlist Spotify), musique trop forte pour discuter, endroit pas adapté…

Samedi 11 Avril

Après un tel marathon, l’idée première de toute personne normalement constituée serait de s’accorder une grasse mat’. Pas pour votre serviteur, ma binôme et quelques autres motivés. Notre objectif du jour est de décrocher des rendez-vous avec des professionnels pour pitcher nos projets et récupérer des cartes de visites.

Après plus de 48h de rush, de stress et de pression, ce samedi à attendre est particulièrement étrange. Il faut dire que l’organisation est particulièrement inefficace. En effet, il n’y a guère qu’une seule personne – la pauvre Emmanuelle – qui se plie en quatre pour gérer les rendez-vous de presque 20 producteurs et les gens comme moi qui viennent quémander une rencontre. C’est bien simple, entre une question qu’on lui pose (« Je pourrais avoir un rdv avec X ? ») et sa réponse, il se passe en général 20 minutes durant lesquelles elle reçoit et passe 5 coups de fils, est dérangée par trois autres personnes, prend 25 notes… Sa capacité à multitâcher est impressionnante mais si quelqu’un de l’organisation me lit, je ne saurais que trop conseiller d’embaucher au moins une autre personne pour l’épauler et diviser sa charge de travail et l’attente par deux !

Je réussis tant bien que mal à décrocher deux entretiens. En soi, je les ai pris comme un entraînement au pitch. Vu le désastre avec Pierre et Charlotte la veille, un peu de pratique ne peut pas faire de mal.

Encore une fois, notre petit groupe de marathoniens se retrouve pour bouffer ensemble (à l’Auberge Polonaise, une excellente adresse, à réserver toutefois pour les après-midi où une sieste est possible…). En fait, maintenant, on attend plus qu’une seule chose, la cérémonie de clôture pour les résultats !

Dans l’épisode précédent…

Jeudi 9 Avril

A minuit et une minute, je commence la rédaction à proprement parler de la continuité dialoguée à partir du document présenté dans l’article précédent. Dans la salle, on est encore 5 motivés qui ont décidé de zapper film d’ouverture, petits fours et chambre d’hôtel. Ca va faire plus de 12h qu’on planche sur le sujet, il règne toujours une ambiance studieuse et personne ne se parle ou presque.

A 2h30, je plie les gaules pour rentrer à l’hôtel et prendre une douche. Il doit être environ 4h quand je finis par m’endormir, cogitant sans fin sur les futurs dialogues de mon court.

Lever 8h… C’est rude. 4h de sommeil, c’est vraiment rude.

Arrivée 9h30 dans la salle, l’ambiance est toujours au remake d’une épreuve de baccalauréat. J’avale mon petit déj’ et me remet à écrire, profitant une panne de wifi pour me concentrer et arrêter de Live-Twitter. La masse de travail me frappant de plein fouet, je ne retournerai plus du tout sur les réseaux sociaux de tout le reste du festival.

12h. Arrivée de Céline Sciamma et de la présidente du Festival Isabelle Massot pour prendre la température du marathon. Une visite de courtoisie mais on est tellement dans le jus de notre court-métrage que présidentes ou pas, on veut juste continuer de bosser !

La bonne nouvelle, c’est qu’après 24h, tout le monde a suffisamment avancé sur son propre court pour commencer à se détendre et envisager avec des rapports sociaux sans crainte de voir ses idées volées par d’autres. Plus de la moitié des marathoniens décident de bouffer ensemble, lyncher le film d’ouverture et commencer à parler de son projet. Comme je le suspectais, aucun n’aborde une thématique dite « de genre » (horreur, SF, etc.). La plupart de camarades ont un bagage technique, notamment derrière une caméra, ou ont fait des études de cinéma. Avec ma place de repêché et mon CV de touriste dans l’écriture, ça me fait vraiment bizarre et je me dis que la compétition va être rude. Mon scénario avec une princesse qui dit « bite, chatte, couille » me semble jouer dans la cour des primaires…

Bah… Au moins, je m’amuse à l’écrire ! C’est l’essentiel.

14h. On a tous rendez-vous au Pop-Up Cabaret pour tirer au sort et au hasard nos parrains. On sera mis deux par deux. La charmante brune aux yeux bleus, ma voisine de table qui tape frénétiquement, est désormais ma binôme. J’ai appris une heure plus tôt au restaurant qu’elle s’appelle Emma et qu’elle travaille sur une histoire de cochons (des moutons et des limaces ont aussi été évoqués durant le repas, les animaux inspiraient visiblement). Nous tirons au sort un scénariste et un producteur, respectivement Charlotte Paillieux (Tiger Lily) et Pierre Guyard (Les Combattants). Après une sombre histoire d’échange de sacs qui prouve qu’Emma est la fille la plus zen du monde, on se pose tous les quatre en terrasse pour se présenter et pitcher nos projets.

On fait les pitchs les plus nazes de l’histoire du pitch d’une histoire débutée la veille ! Charlotte et Pierre ne sont pas rassurés par ce qu’ils viennent d’entendre et pointent déjà du doigt une masse de travail décourageante. Contrairement à Emma, j’ai l’avantage de savoir pour le moment où je vais et d’avoir écrit la scène d’intro et l’équivalent de trois reboot de cadeaux. Charlotte monte donc avec moi dans la salle à baccalauréat pour lire mon premier jet.

Elle se bidonne en lisant mes dialogues. C’est plutôt bon signe. Arrivée à la fin, ma marraine me dit que je pourrais jamais faire plus fort que ce troisième reboot avec le dragon et que ce devrait être en fait la chute. Tout le deuxième reboot ne fonctionne pas du tout et peut être mis à la poubelle (ça fait jamais que 8-10 pages, hein…) et qu’il faut que je resserre la rythme du texte. En gros :

Coco, t’es pas couché !

Mais surtout, en lisant mon texte, elle admet que si mon pitch la faisait pas kiffer avec mes princesses et mes fées, elle adhère complètement à la façon dont je le traite ! Les échanges avec Charlotte sont enrichissants, elle écoute patiemment mes idées, pointe les bouses du texte et donne des conseils qui seront précieux pour la réécriture !

19h. Elle m’appelle pour savoir comment ça se passe. Je viens tout juste de finir le deuxième reboot en l’orientant plus parodie de princesse avec les clichés « je chante » et « je parle aux animaux » sur ses conseils. Je lui fais part de mon sentiment mitigé sur cette nouvelle version et lui dis que je vais tenter encore une nouvelle approche (ça fera jamais que 8 pages de plus que je mettrais encore à la poubelle, quelle que soit l’option qu’on choisira de garder). Elle nous dit qu’elle passera nous voir à 20h pour faire le point.

21h. Charlotte arrive ! Entre temps, on s’est fait lire nos textes avec Emma. J’aime beaucoup ce qu’elle a fait, notamment la fin et les rapports entre les personnages, et pointe du doigt des trucs qui, moi, m’ont dérangé. Emma me dit qu’elle a apprécié me lire, surtout mes dialogues. Comme moi, elle préfère ma troisième version du deuxième reboot (ça commence à être compliqué à suivre, désolé). C’était cool de partager nos scénarios, un troisième œil extérieur n’est pas superflu et j’ai l’impression qu’on est les seuls à avoir fait cet échange… Charlotte passe donc du temps avec Emma pour découvrir son texte pour la première fois. Là encore, elle est très agréablement surprise de découvrir un texte mille fois mieux que le pitch du début d’après-midi. Pierre, débordé, ne pourra malheureusement pas se joindre à nous. Dans l’absolu, la situation est stressante : on ne se fie aux retours que d’une seule personne et on est pas à l’abri qu’il soit en complet désaccord avec ce qui se dit.

22h30. Charlotte et moi finissons de disséquer cette nouvelle version de mon texte. Comme Emma, elle préfère la troisième version du deuxième reboot cadeau. J’ai deux pages de commentaires à intégrer et nous venons ensemble d’affiner la fin, notamment sur la justification de la présence des fées et la chute comique du film. Inutile de dire qu’à ce moment de l’écriture, il n’est plus question de faire un sous-texte sur le féminisme : on fait juste un truc fun et c’est bien suffisant !

La nuit est encore loin d’être finie…

Dans l’épisode précédent…

J’avais donc perdu un Sam et la mémoire. Autant dire que c’était plutôt mal engagé pour le retrouver. Je l’aurais bien rangé dans la catégorie « pertes et fracas » de mon journal de quêtes, mais bon, pour une fois qu’un compagnon d’aventure ne cherche tout simplement pas à me trancher la gorge une fois la cagnotte récupérée… Faisons un effort ! Mais comme Bordeciel, c’est grand, c’est vide, c’est moche et que j’allais pas fouiller tous les donjons du coin pour retrouver un type bourré, je me suis dit que j’allais d’abord finir toutes ses doléances qui traînent depuis des mois.

Car depuis que j’arpente ces terres glacées, le nombre de personnes qui me demandent des trucs n’a cessé de croire. Et comme je suppose que personne n’a fait l’effort de résoudre de lui-même son propre problème, autant que je m’y colle et que je me débarrasse de tout ça ! J’avais compté au moins une trentaine d’affaires en cours, alors j’ai retroussé mes manches pour torcher tout ça :

  • Encore des vols de bols pour la guilde des voleurs qui ne branle décidément rien !
  • Retrouver une épée perdue d’une aventurière. La bonne blague, c’est que son épée, ça fait des mois qu’elle moisit dans un des coffres de ma baraque…
  • Retrouver des livres pour le bibliothécaire orc de l’Académie des Mages… Oui, le bibliothécaire est un orc, ce qui tend à en dire assez long sur le QI moyen des Nordiques…
  • Cherchez un bidule dans une ruine naine
  • Récupérer des amulettes dans des tertres, donc buter du zombie et du fantôme à tour de bras, pour ensuite récupérer une amulette encore plus puissante qui ne me sert à rien…
  • Allez voir des « lieux de puissance » pour Paarthurnax. Il est marrant lui. Il m’envoie un coursier qui se tape autant d’allers-retours dans tout Bordeciel pour me retrouver, je reçois toujours la même lettre avec un nom de lieu et il me dit d’y aller pour enquêter. On a pas le même dictionnaire visiblement : enquêter, chez lui, ça veut dire allez buter un de ses congénères dragons qui se trouve – comme par hasard – à monter la garde sur une plaquette avec un mot du Thu’um. Je sais bien que je suis l’Elu et tout ça, et qu’il veut que je bute tous les dragons de Bordeciel parce que – visiblement – je n’ai pas de vie et un comportement suicidaire, mais son Thu’um là, bah je m’en sers pas ! Jusqu’à preuve du contraire, mon boulot, c’est assassin silencieux ; alors beugler du VOS RHO DAH comme un con dans des cavernes qui font de l’écho, c’est pas ce que j’appelle un travail bien fait ! Mais bon, je dis à Paarthunax que j’ai récupéré le Thu’um en bravant le dragon dans un combat épique et il est content. Je me contente d’aller chercher le mot en étant invisible sans buter quoi que ce soit, mais il n’a pas vraiment besoin de savoir toute la vérité le vieux radoteur.

Des exemples parmi tant d’autres qui n’équivaudront jamais ma quête préférée de toute. L’exemple-même qui synthétise toute la crétinerie et toute la fainéantise des Nordiques :

  1. Je vais parler à une marchande pour lui fourguer mes babioles (et oui, ma femme réclame toujours une maison secondaire). Comme un idiot, je pose la question de trop et elle se met à me raconter sa vie, notamment sa fille qui s’est engagée dans l’Armée Impériale et dont elle n’a plus de nouvelles. Il faut donc que ce soit MOI qui aille demander à son chef de compagnie pour apprendre ce que devient cette fille.
  2. Je traverse la rue. JE. TRAVERSE. LA. RUE. Et je demande au fameux chef de compagnie ce qu’il advient de la fille en question. Elle est morte.
  3. JE RETRAVERSE LA RUE VERS LA MARCHANDE.
  4. Je dis que sa fille est morte (parce que c’est une grosse incompétente sûrement : la garde impériale, ça fout pas grand-chose de ses journées, je le sais, j’en fais partie et ça me demande encore moins de temps que de diriger l’Académie de Magie…). Je récupère encore un truc sans intérêt pour me remercier de ma peine…

Voilà ma vie d’aventurier : traverser des rues et aller buter des dragons…

Bref, en moins de temps qu’il n’en a fallu à Muiri pour faire le ménage dans la baraque, j’avais résolu la plupart des affaires en souffrance. J’avais même résolu la quête de ma femme : acheter une résidence secondaire. Comme j’étais blindé de thunes, j’ai pris et décoré une baraque dans toutes les grandes villes ! Au moins elle se plaindra pas que je fais rien pour elle !

La bonne nouvelle, c’est qu’au cours de me voyages pour épurer mon journal, j’ai retrouvé Sam. Dans – ô surprise – une tanière de nécromanciens… Sam s’appelle en réalité Sanghin et c’est un prince Daedra qui s’emmerde ! Il s’est dit que ce serait marrant de me bourrer la gueule et de me faire culpabiliser de sa disparition au point que je me casse les noix pour le retrouver. Ha-ha, joke’s on you, je t’ai retrouvé sans te chercher ! Je me voyais déjà lui trancher la gorge pour lui faire payer mais il s’est barré comme ça, en me filant encore une connerie dont il n’a pas utilité ! Un bâton en forme de fleur (comme si je n’étais pas assez crédible quand je croise des gens) qui invoque des serviteurs comme lui. Donc un truc dont je n’aurais moi-même pas utilité. Merci, au revoir !

skyrim101

Prochain truc à rayer sur ma liste : « nettoyer l’Aile Pelagius du Palais Bleu ». Voilà ma vie d’aventurier : traverser des rues et faire le boulot de la femme de ménage…

Dans l’épisode précédent…

Cher Journal,

Cela faisait près d’un an que j’avais raccroché mes gants qui doublent les dégâts d’attaque sournoise afin de me consacrer à la vie d’époux modèle. En effet, un jour qu’elle faisait les comptes, Muiri avait récupéré l’équivalent de mes fiches d’honoraires d’assassin et s’est rendue compte que depuis que je étais arrivé dans ce pays de fous, j’avais amassé environ 140000 pièces d’or, sans compter l’achat de la maison à Solitude et les babioles accumulées dans les coffres du sous-sol. En gros, elle m’a fait comprendre que c’était enfin l’heure de la lune de miel et que Elu, dragons ou pas, c’était pas négociable.

Ca fait donc un an que je me fais chier chez moi à écouter les « bardes » d’à-coté picoler, à acheter des fruits et légumes sur le marché, à ce que tout le monde me demande si j’ai pris une flèche dans le genou pour maintenant rester glander chez moi et que Paarthurnax m’envoie des courriers alarmants toutes les semaines au sujet d’Alduin et de la destruction prochaine de Bordeciel ! Alors que hein, Bordeciel se porte très bien et j’ai pas vu un seul dragon depuis ma fenêtre.

Et puis Muiri a eu envie d’une maison secondaire ! J’ai dit « Pas à Blancherive », le peu de fois où j’étais allé, il y a toujours eu une attaque de dragons (A mon avis, Alduin est le Jarl de Blancherive). A Solitude on craint rien, à Blancherive, autant prendre une concession directe à la nécropole !

Bref, ni une ni deux, j’ai repris mes gants et ma liberté et je m’en suis allé battre campagne. Enfin, pas très loin, j’ai rencontré un autre Argonien fort sympatique du nom de Jee-Ra sur le port de Solitude. Voir une tête qui ressemblait à la mienne m’a fait tellement plaisir (et c’est tellement rare !) que j’ai engagé la conversation. Celui-ci m’a demandé si je pouvais lui rendre un service (j’aurais du m’en douter). Éteindre le phare du coin. C’est un peu étrange comme demande, mais bon. Je lui ai demandé si ça allait pas poser problème avec les bateaux, il m’a dit que c’était le but : faire échouer un bateau précis, vider sa cargaison et faire moitié-moitié. Sympa ! J’ai demandé pourquoi c’était pas lui qui allait éteindre le phare : il avait piscine (j’aurais du m’en douter aussi).

J’avais oublié que tout le monde était des grosses feignasses en Bordeciel, en attente d’une pauvre pomme près à traverser le pays pour 5 pièces d’or un bijou enchanté inutile bien trop cher pour des marchands bien trop pauvres.

Mon affaire du phare réglée, on a essayé de me buter…

*long soupir*

Les gens ont visiblement oublié qui était l’archimage de l’académie, qui était le bras droit de la Mère de la Nuit, qui avait libéré tout le pays des Sombrages, qui a buté l’Empereur… Si tant est qu’ils l’aient su un jour. Me voilà en train de buter les rares Argoniens du pays, sans gaieté de cœur, au nom de ma résidence secondaire.

Je vais ensuite faire un tour à la guilde des voleurs, voir comment ils se portaient. inutile de dire qu’ils m’ont dit : « bah t’étais où ? ça fait un an qu’on t’attend pour te filer du boulot qu’on veut pas faire nous-même… » Chuis parti.

*long soupir*

Je ne sais plus où en chemin, après ma dose réglementaire de bandits paranoïaques et de nécromanciens berserk, je suis tombé sur un certain Sam. Sam m’a proposé de venir picoler à avec lui. Pris d’une soudaine dépression sur ma propre condition, je me suis dit que c’était pas une idée plus bête qu’une autre de se bourrer la gueule… Même si au fond de moi, j’avais le sentiment que je devrais sûrement buter ce Sam pour duplicité viscérale une fois notre sympathique communion alcoolisée terminée.

Quelle ne fut donc pas ma surprise de me réveiller avec la gueule de bois du siècle certes, mais sans couteau sous la gorge. Sans l’ombre d’un Sam à mes côtés non plus d’ailleurs… J’aurais dû reprendre mes activités normales, mais je me suis réveillé en carafe dans le temple de Dibella de la ville aux escaliers. La prude nonne n’a pas manqué de me faire culpabiliser au sujet du Sam absent et me voilà parti à sa recherche comme un idiot… Et quand on ne se souvient de rien passée la rencontre, on se dit que ça va pas être facile…