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Spec Ops: The Line est un jeu développé par Yager et édité par 2K Games (Bioshock Infinite… un bon exemple d’un jeu diamétralement opposé à ce que je vais raconter).

Le Capitaine Martin Walker, le Sergent John Lugo et le Lieutenant Alphonse Adams, membres des Delta Force sont chargés de retrouver le Colonel John Konrad suite à la captation de son signal de détresse, dans une ville de Dubaï post-apocalyptique après avoir été frappée par des tempêtes de sable.

Entre le plot qui a l’air d’avoir été généré aléatoirement en mixant à peu près tous les jeux de guerre récents, la couverture ultra-formatée et le héros en copier-coller, inutile de dire que Spec Ops: The Line avaient toutes les chances de finir dans le bac des soldes. Et c’est à peu près le cas, le dernier épisode en date de la série Spec Ops a fait un four, plombant les résultats de 2K pour l’année 2013.

Considérant mon peu d’amour pour les jeux de guerre, j’aurais bien laissé la boite dans le bac idoine. Et puis, au détour d’un article à titre racoleur du genre « les 10 jeux que vous n’avez pas faits et qui pourtant retournent des chaussettes à petits pois », on faisait l’éloge de ce The Line. Pas chien mais pas convaincu,  je le prends et je le commence. Et puis je pars en Norvège. Du coup le jeu reste dans une étagère virtuelle de Steam jusqu’à ce week-end où je décide de réduire de 1 la liste des jeux qui attendent d’être faits.

En recommençant de zéro, je me souviens m’être arrêté après une séquence assez fun dans un casino où on doit descendre tout en survivant aux assauts des vilains de service. Après deux heures de jeu, je ne retrouve pas cette séquence. C’est alors que je réalise que la séquence en question provient du très mauvais Call of Duty: Ghost. L’anecdote est importante: pendant tout le début du jeu, vous allez avoir l’impression de jouer à un n-ième shooter militaire qui n’a d’original que son univers particulier, Dubaï.

Et puis, à un moment, tout va basculer et vous comprenez que vous êtes tombés dans le panneau. La jaquette inintéressante, le héros moyen crâne rasé et gros bras, le pitch bidon pour tirer sur tout ce qui bouge… C’était un leurre !

Un leurre avec une grosse paire de baloches qui aura coûté cher à 2K. Le choix artistique était assumé dès le départ, tout ça pour mieux filer un coup de trique derrière la nuque au joueur assez curieux pour se pencher sur le cas Spec Ops: The Line. Ce jeu était probablement une galère monstrueuse pour l’équipe marketing chez 2K. Et face à la concurrence qui assume son côté décérébré, difficile d’assurer.

N’y allons pas par 4 chemins, Spec Ops: The Line est l’un des jeux les plus intelligemment écrits que j’ai pu faire ces dernières années. Un vraie baffe. Une vraie descente aux enfers et dans la folie ! Il n’est pas s’en rappeler le passage cramage de champs de cannabis dans Far Cry 3, quand vous vous rendez compte que le jeu vient d’atteindre un autre niveau dans ce qu’il essaie de dire au joueur. The Line met le joueur face à ses propres décisions et c’est pas toujours agréable. C’est probablement l’un des rares jeux sur le marché qui vous prend par les tripes et vous tirent de force vers l’horreur de la guerre, les choix que doivent faire les soldats (en l’occurrence, toi, joueur, avec ta moralité). Avec les guerres récentes et les biopics associés (Démineurs ou American Sniper par exemple), vous avez sûrement dû entendre parler du syndrome de stress post-traumatique des soldats qui rentrent au pays : et bien ce jeu est un manuel du soldat qui part en vrille jusqu’au point où le retour à la maison n’est plus possible.

La fameuse ligne du titre, c’est celle que l’on franchit…

(Et vous la franchirez, c’est le but…)

The Line est largement inspiré par Heart of Darkness, la nouvelle elle-même à l’origine d’Apocalypse Now de Francis For Coppola. On peut également citer dans le désordre L’échelle de Jacob, Platoon, Full Metal Jacket ou le mythe de la construction de la Tour de Babel. Je ne dirai rien sur l’histoire ou ses rebondissements, mais vous allez vivre des grands moments, du genre qui marquent les esprits… L’attaque au phosphore blanc, pour ne citer qu’elle, est une des séquences les plus dérangeantes que vous vivrez. C’est mature et engagé, je me limiterai à ça sur l’histoire.

J’avoue aussi que j’étais curieux de voir le traitement réservé à la ville de Dubaï. Après tout, j’ai vécu là-bas ! L’expérience était donc différente à un certain niveau pour moi. Après, on regrettera que en dehors de quelques name dropping ça et là, vous n’aurez pas réellement l’occasion de visiter des vrais lieux mais l’expérience reste toutefois dépaysante.

Les plus attentifs reconnaîtront la voix de Nolan North (Nathan Drake dans Uncharted) derrière le protagoniste. Toujours au rayon sonore, on notera l’excellente bande son, faite de classiques du rock et de perles psychédéliques qui collent parfaitement à l’ambiance du jeu :

  • Deep Purple – Hush
  • Alice in Chains – Rooster
  • Bjork – Storm
  • Mogwai – Glasgow Mega-Snake
  • Mogwai – R U Still In 2 It
  • Giuseppe Verdi – Dies Irae, Libera me
  • Nine Inch Nails – The day the world went away
  • Martha and the Vandellas – Nowhere to run
  • Black Mountain – Stormy High
  • The Black Angels – Bad Vibrations
  • Jimi Hendrix – A Merman I Should Turn To Be
  • The Black Angels – The First Vietnamese War
  • Jimi Hendrix – Star spangled banner
  • Inner Circle – Bad boys

(Je vous mets des liens vers the Black Angels, un groupe que vous pouvez aussi retrouver sur la bande-son de la série Californication)

Il faut une dizaine d’heure pour boucler le jeu au plus haut niveau de difficulté et à part 2 moments bien relou, vous n’aurez guère de problèmes pour boucler le jeu, pour peu que vous ayez l’habitude de tirer sur des gens… Oubliez le multijoueur, c’est sûrement une bouse infâme et contractuelle qui a tiré vers le bas les ventes du jeu (et oui, parce que toi, jeune abruti joueur de Callof, tu ne t’intéresses pas à une histoire, tu veux juste tirer sur des gens comme un blaireau sans réfléchir – alors que The Line te met justement face à tes émotions contradictoires quand tu tues quelqu’un… un truc appelé la dissonance cognitive)!

The Line n’aura pas de suite. The Line et son échec commercial cuisant a probablement enterré l’envie des éditeurs de se risquer dans les shooters complexes et matures. Alors profitez du cadeau que Yager vous a fait en assument son design de bout en bout, vous n’êtes pas prêts de refaire un jeu de la trempe de celui-ci !

Spec Ops: The Line vaut assurément le coup d’être fait. De vrais choix couillus en matière de Narrative Design ont été faits, des choix qui permettront aux joueurs d’en faire et de se rendre compte graduellement que The Line n’est PAS votre shooter remaché qui vente les mérites de l’American Hero et de la bannière étoilée. The Line est une expérience unique, un véritable jeu sur la guerre, la folie et la nature humaine. Un jeu qui laissera une empreinte sur votre mémoire de joueur, bien plus que les Battlefield ou les Call of Duty sans saveur qu’on vous pond chaque année. Si vous en avez l’occasion, foncez sur Spec Ops: The Line, vous ne le regrettez pas !

Difficile de trouver un trailer pas complètement pourri pour vous donnez un véritable aperçu de ce qu’est le jeu…

Réponse courte: parce que j’en ai marre d’être pris pour un pigeon.

Cela faisait un moment que je voulais écrire cet article, repoussant sans cesse l’échéance sans raison particulière. Et puis le DLC de Pillars of Eternity (The White March, Part I) est sorti et ça a été la goutte qui fait déborder le vase. En effet, en grand fan de Baldur’s Gate, Pillars of Eternity était un jeu que j’attendais avec impatience, un jeu que j’ai donc acheté quelques heures après sa sortie sur Steam et que j’ai retourné dans toutes les largeurs dans les jours qui ont suivis (100 heures au compteur tout de même). J’aurais pu en faire la chronique comme pour d’autres jeux, mais le cRPG étant de qualité et s’adressant de toute façon à une frange réduite de joueurs (les vieux tatoués, pour résumer), j’ai décidé que ceux qui voulaient l’acheter l’auraient déjà acheté, peu importe mon avis. Pour faire court, c’est un excellent jeu qui souffre des mêmes problèmes que ses aînés.

Bref, j’ai bouclé Pillars il y a déjà plusieurs mois et un DLC vient de sortir. Pour mémoire, j’ai déjà donné mon avis sur DLC, je n’y reviendrai pas. Ce qui m’a fait bondir et justifie cet article, ça a été de découvrir que la mise à jour du jeu m’avait fait sauter un achievement (finir le jeu en mode expert). Diantre, pourquoi donc ? Je fouille un peu, et je découvre que le DLC en question doit impérativement se passer AVANT la fin du jeu (au regard de la fin, c’est compréhensible). En gros, pour une personne comme moi qui a déjà fini le jeu, ça implique de repartir à l’aventure depuis un dernier point de sauvegarde valide (et très accessoirement se refrapper un combat final particulièrement pète-noix par rapport au reste du jeu…).

Et bien sur, ce n’est que la Part I. Sous-entendu, il y aura une Part II dans quelques mois. Cet hiver, pour être exact. Et très honnêtement, je ne comprends pas pourquoi Obsidian n’a pas fait une release unique I+II en hiver… A moins qu’Obsidian soit conscient des demandes des fans et bricole son jeu au fur et à mesure pour entretenir la hype autour de son jeu…

En gros, j’ai fini PoE mais pas vraiment, et on me force soit à recommencer un perso de zéro soit à repartir en arrière (et soyons honnête, j’ai pas le temps de recommencer) (et pas envie de retourner en arrière). Sans compter la Part II, qui fera sûrement la même chose. Le DLC est sorti 4 mois après le jeu… Aurais-je attendu 4 mois, j’aurais pu faire le jeu et son DLC en même temps, sans la frustration de devoir recommencer… Dans un an, j’aurais probablement le jeu complet et la meilleure expérience possible dessus…

Toujours sur Pillars, puisqu’il est ma tête de turc pour cet article, j’ai pu constater à rythme régulier les notes de patchs et voir combien les choses changeaient du tout au tout pour un jeu. J’ai fini le jeu la veille d’une sortie de patch. Le lendemain, j’ai vu les modifications de gameplay pour ma classe de Barbare, changeant radicalement certains bonus ou malus, altérant au final la manière que j’aurais eu de le jouer ! Et je ne parle même pas des fonctionnalités ajoutées par TWM qui semblent juste basiques pour ce genre de RPG (la respec des PNJ, le sneak individuel ou la gestion de l’IA par PNJ qui changent radicalement la manière d’appréhender un tel jeu). Bref, ça m’a énervé de finir un jeu pas fini !

Rétrospectivement, c’est peut-être pour ça que j’en ai pas fait de chronique sur ce blog…

Là où je veux en venir, c’est qu’avec la mode (devrais-je dire la norme) des DLC et des patches, c’est qu’un jeu n’est jamais fini (private joke pour mes amis de F4) le jour de sa sortie. Il est désormais beaucoup logique d’attendre 6 mois, voire un an avant de se procurer un jeu de façon à avoir une version « stable », équilibrée et complète (et accessoirement sans bug).

Pillars of Eternity n’est même pas un cas isolé. Il suffit de voir les news sur The Witcher 3 par exemple, qui font mention presque toutes les semaines depuis sa sortie d’un patch ou d’un DLC (qui ont tous le bon ton d’être gratuits). Bien sûr, dans le meilleur des cas, vous avez un jeu a peu près fini ; mais il ne faut pas oublier que beaucoup de jeux récents ont eu des lancements Day One absolument catastrophiques ! Le dernier Assassin Creed, le dernier Sim City ou la bérézina Batman: Arkham Knight qui ne fonctionne tout simplement pas sur PC et s’est vu retiré purement de la vente !

Ce serait bien de déjà pouvoir commencer tout court…

Aujourd’hui, on est capable de jouer à des beta (donc à un jeu pas fini du tout) ou à un jeu en Early Access (donc à un jeu pas fini du tout du tout). Aujourd’hui, on prend le joueur à la gorge avec des Kickstarter. Aujourd’hui, tous les jeux sont précommandables des mois à l’avance pour s’assurer de jouer Day One ? Dans 82%* des cas, le jeu que vous achèterez Day One aura déjà un patch Day One de prévu 3 à 4 semaines avant sa sortie… Dans 82% des cas, votre expérience de jeu Day One sera insatisfaisante : entre les téléchargements, les bugs, le patch D-O, les futurs patches, les DLC, vous achèterez un jeu qui n’est pas fini !!!

Si j’ai arrêté d’acheter les jeux Day One, c’est parce que j’en ai marre qu’on me prenne pour un pigeon en me faisant payer plein pot un jeu bancal qui va se rafistoler dans les mois (pas les jours, les MOIS) qui suivent sa sortie. De préférence quand je l’aurai déjà fini.

Ce faisant, j’envoie un message aux développeurs/éditeurs : arrêtez de nous vendre des machins pas finis et sortez le jeu quand il est prêt. Bordel ! Quand vous allez chez le concessionnaire acheter une bagnole, ce dernier ne vous dit pas :

A la livraison, on vous change les pneus. Dans 3 semaines, on règle le moteur, parce que là, une chance sur trois pour que ça explose si vous freinez sous la pluie. Dans 4 mois, on vous proposera la banquette arrière pour 2000 euros. Mais attention, si vous pré-commandez plein pot ce modèle maintenant, on vous offre le sapin senbon pour votre rétro !

Pourtant, c’est exactement ce qui se passe pour vos jeux vidéo. Et finalement il n’y a que peu de personne que ça dérange.

Et le système est désormais vérolé. Si vous n’achetez pas le jeu dans les jours qui suivent sa sortie, vous mettez en péril l’avenir du jeu (et sa société de création) à cause des objectifs de rentabilité immédiate que regardent les analystes et marketeux. Si vous achetez jeu, vous vous faites grossièrement entuber. Que faire ?

La réponse est somme toute assez simple, mais elle dépend surtout de deux corps de métier liés au jeu vidéo.

  1. Les testeurs. Des vrais, dont les retours seraient écoutés au point de soulever des vetos sur la sortie auprès des éditeurs.
  2. Les journalistes. A mon époque de vieux, on avait des magazines qui testaient les jeux et mettaient des notes. Consulter un avis de professionnel avant d’acheter un jeu est une chose que je fais systématiquement. Aujourd’hui, nous avons Internet. Nombre de sites font des tests et mettent des notes. Or peu de sites prennent en compte dans leur note la « finition du jeu » : y a-t-il des patches/DLC de prévus, des choses évidentes qui seront modifiées ? Quitte à clairement indiquer au consommateur si l’acte d’achat doit être retardé… Bien sûr, encore faut-il tomber sur des sites où les journalistes ne pratiquent ni la langue de bois, ni le pot-de-vin… Et qui n’ont pas peur de se mettre à dos des éditeurs avec la vérité sur leurs jeux…

Sinon, vous pouvez faire comme moi et gueuler dans le cul d’un poney. En attendant, je n’achèterai plus aucun jeu Day One, même si j’en crève d’envie. Comme Fallout 4. Je suis sur Fallout New Vegas, et lui a le mérite d’être complet…

Et je n’achèterai pas The White March

Le plus ironique dans l’histoire, c’est que j’ai vécu et je vivrais encore des sorties de jeux pas finis de l’intérieur, où ma voix n’a pas plus de poids…

*Je rappelle que quand je ne connais pas une statistique, je mets 82%, ça fait réaliste…

Redeemer of Souls est un album de Judas Priest, chez Columbia Records.

Une fois n’est pas coutume, parlons musique avec le dernier album en date de Judas Priest. Judas Priest est incontestablement l’un de mes groupes favoris, un monument du rock lourd qui – au même titre que Black Sabbath – a contribué à définir et à façonner le hard rock et le heavy metal tant dans sa sonorité que dans son esthétisme vestimentaire. J’ai eu l’occasion de les voir au Hellfest durant leur tournée d’adieu, contentant l’amateur que je suis de voir sur scène ces légendes. Et quand on apprécie la musique des 70’s-80’s comme moi, autant dire que c’est pas tout les quatre matins qu’on a l’occasion de voir sur scène ses groupes préférés ! D’autant plus que c’était la dernière tournée avant la retraite !

Bref, dans mon esprit naïf, c’était une dernière tournée et puis s’en va. Quelle ne fut donc pas ma surprise en apprenant après la bataille que le prêtre avait sorti un nouvel album en juillet dernier ! En fait, leur tournée d’adieu n’était pas leur tournée d’adieu. La magie de la langue de bois a tourné les mots de façon que l’Epitaph Tour soit en fait « leur dernière tournée de grande envergure ». Les fans ne vont pas s’en plaindre ; il faut dire que des monuments comme Judas Priest, Black Sab, Kiss, les Stones sont bien les derniers d’une génération qui a défini la (vraie) musique et qu’après 40 ans de carrière, la scène ne les quittera jamais et que le public est probablement ce qui les tient encore en vie !

Mais voilà, on aura beau dire, on aura beau faire, en dépit de leur énergie increvable, les fans comme moi ne sont pas dupes : on sait tous que les meilleurs albums sont derrière eux et que les nouveaux sortent plus par habitude que par envie. C’est mon constat sur les Stones par exemple. On achète aussi plus par habitude que par envie. Sauf que parfois, on n’est pas l’abri d’une bonne surprise. J’en veux pour preuve le dernier album de Black Sabbath, 13, avec son réalignement presque d’origine qui essaie de revenir aux sources Paranoid avec un brio dont j’étais le premier surpris. 13 sonne un peu comme le chant du cygne, mais la qualité est au rendez-vous !

Qu’en est-il alors de Redeemer of Souls alors ?

Il faut savoir que le précédent album date de 2008 et que ce dernier – Nostradamus – avait déconcerté les fans qui ne se retrouvaient plus dans les expérimentations du groupe. Personnellement, j’ai pas écouté encore, difficile d’émettre un avis. Mais comme je le disais plus haut, après de 40 ans de carrière, ce qui fait vivre ce genre de groupe, ce sont les fans. Autant les contenter. Et c’était pas gagné avec l’annonce du départ d’un membre fondateur, le guitariste K.K Downing, remplacé par Richie Faulkner (déjà présent sur l’Epitaph, ceci dit) ! Alors Judas Priest se contente donc de faire du Judas Priest sans prise de risque et je dois bien avouer que si les morceaux tentent d’explorer à chaque des pistes différentes, tous sonnent un peu comme quelque chose qu’on aurait déjà entendu, presque plan-plan et poussif et dépit des efforts.

Vous voyez, ça sonne propre mais pas fou-fou

Car le vrai problème de cet album, c’est qu’il se définit comme du Priest pur jus et qu’on le compare nécessairement avec les albums-pilier du groupe : British Steel, Screaming for Vengeange, Turbo et Painkiller. Aucun des albums de Judas Priest n’arrivera jamais à la cheville de ceux-là. C’est un fait. Alors on essaie de comparer avec Angel of Retribution, qui lui-même avait été composé dans une situation différente puisque le frontman Rob Halford reprenait les rênes du groupe et qu’il devait prouver vocalement et musicalement que le Priest était de retour (le premier titre n’était pas Judas Rising pour rien !).

Et donc, finalement, pour apprécier cet album, la solution est simple : il ne faut pas le comparer à quoi que ce soit ! Rob Halford n’est plus capable de monter dans les aigus comme à la bonne époque de la même façon que Paul Stanley n’est plus capable de faire Love Gun sans soutien. Mais le chanteur a bientôt 65 piges et sa retenue sur Redeemer of Souls est compréhensible. Et le plus amusant c’est que si ce n’est pas du « grand » Halford, c’est toujours impressionnant à entendre et met toujours à l’amende 95% des chanteurs actuels ! Les riffs sonnent classiques mais qui pourraient réellement s’en plaindre ? Richie Faulkner emboîte le pas d’une autre légende de la guitare et propose de rester proche du son Priest à défaut de le renouveler. L’alchimie K.K manque, mais il faut s’y faire.

Au fur et à mesure des écoutes, on apprend à apprécier Redeemer of Souls. Et puis alors on comprend ce qu’est réellement cet album : la fin. Ou plutôt le début de la fin comme laisse sous entendre le poignant dernier morceau du titre : Beginning of the End. Judas Priest prépare son départ mais il entend le faire à sa manière, d’une façon certes plus sage mais en rappelant qu’ils sont toujours les tauliers du Heavy Metal.

Et on comprend peut-être mieux le choix de « Redeemer of Souls » comme titre à l’approche du jugement dernier…

Fatigué ? Sûrement pas ! Convenu ? Assurément. Redeemers of Souls n’est pas l’album de trop comme je le croyais. Il n’est pas aussi bon qu’Angel of Retribution, ne doit pas être comparé aux albums des années 80 non plus. Le Judas Priest post-Epitaph existe bel et bien et ne tirera sa révérence que lorsqu’il sera prêt. Réjouissons-nous déjà de toujours pouvoir entendre la voix d’Halford. Je vois plus ce Redeemer of Souls comme un album de « transition », sans surprise, propre mais pas dément, qui plaira à la fan-base sans l’agrandir…

Beginning of the End peut-être, mais ça claque sévère tout de même ! Peut-être ma préférée, qui me fait dire que Judas Priest n’a pas besoin de chercher dans ses racines 80’s pour être toujours le patron…

A noter que l’édition vinyle semble exister en collector avec des disques couleurs. Si vous ne connaissez pas Judas Priest, je ne recommande pas cet album pour le découvrir : séance de rattrapage avec du back-to-basic et British Steel disponible en édition 30ième anniversaire ! C’est cadeau !

Cher Journal,

Je suis ENFIN en France, après quelques péripéties de dernière minute dont je vous ferai grâce.

L’aventure à Dubaï est définitivement tournée ! Merci à tous ceux qui m’ont soutenu d’une façon ou d’une autre, ça a fait chaud au cœur !

Il est temps de prendre un nouveau moleskine et de commencer un nouveau chapitre. En fait, on va commencer par le prologue : Pole Emploi. Oui, je sais… Avec un peu de chance, ce sera temporaire. A peine avais-je le pied posé sur le territoire que je recevais un message dans ma mailbox après 8 mois de silence radio… Mais comment ils savent ? Ca fait froid dans le dos ! En tout cas, je sens déjà l’aventure épique.

Cher Journal,

Toutes les bonnes choses ont une fin. Toutes les mauvaises aussi, me direz-vous. Mon aventure à Dubaï se situe quelque part entre ces deux extrêmes, plus vers l’un que l’autre ceci dit…

J’aurais tenu 8 mois dans ce pays étranger et étrange. 8 mois, c’est long. Ca l’est d’autant plus que suivant la loi d’appréciation relative du temps, il faut tout multiplier par 3 pour en mesurer l’impact sur la santé mentale. Ceci dit, si je jette un regard en arrière, ça aurait pu être pire !

J’ai une théorie tout à fait personnelle sur cette ville et la façon dont elle « corrompt » les gens qui y viventOn ne peut même pas mettre ça sur le dos de la différence culture de l’occidental perdu au Moyen-Orient. Ca dépasse ce simple pour s’enfoncer de façon plus insidieuse chez les habitants dubaiotes, a fortiori les expat’ (puisqu’il n’y a quasiment que ça ici). 

J’ai déjà fait mention du caractère étalée dans l’espace de la ville et de son côté artificielle, faite de béton et de verre. Même s’il y a du monde, on a toujours l’impression de se sentir seul au milieu des autres, que ce soit dans un taxi ou dans la foule dense d’un centre commercial. (Bon, j’avoue, pour le nouvel an à Burj Khalifa, on se sent pas seul…). En fait, je pense que le malaise que l’on peut ressentir ici est essentiellement dû au fait que la ville vendue à l’ultra-libéralisme et à la culture dite de « l’over-the-top ». Ainsi ai-je la sensation que les gens se tournent vers eux et cherchent toujours leur propre intérêt avant le plus grand Bien et perdent de vue l’important.

Dubaï, c’est une ville qui décuplent la valeur de l’argent et du pouvoir. Au point que ça montent vite à la tête des gens ici. Même en France, combien de personnes pensent que le fait de se rendre à Dubaï est synonyme de se faire des couilles en or ? Certes, comparés à la France, les salaires sont plus élévés. Mais pas beaucoup plus élévés que celui d’une personne qui travaillerait de façon sérieuse en freelance si je regarde par rapport aux corps de métier que je côtoie. Sans compter qu’il n’y a pas de système retraite… Personnellement, je n’ai pas reçu d’augmentation ; d’une part parce que j’estimais déjà bien gagné ma vie, d’autre part parce qu’il me semblait injustifié de la réclamer avant d’avoir passé 6 ou 12 mois dans l’entreprise. A contrario, j’ai vu des gens demander 1000 euros d’augmentation après 3 mois de bons et loyaux service. Comme si « Dubaï » dédouanait tout, y compris votre sens critique envers l’argent ou vos compétences.

Sans vouloir épiloguer, j’ai connu une entreprise où la seule comparaison qu’il est possible de faire est avec la série Game of Thrones. Chacun y voit des opportunités, juge ce que font (ou ne font pas) les autres, tire des plans à court terme pour tirer profit de la situation. Avec un peu de recul, il est amusant de regarder autour de soi et apercevoir des Little Finger, des Varys, des Red Sorceress et – fort heureusement – quelques Ned Starks. Avec du recul. Quand on est dedans, c’est plus compliqué… Je suis le premier à reconnaître avoir fait des erreurs ou ne pas avoir pris les meilleures décisions. Je me dis que ça aurait plus simple qu’on m’expliquât ou qu’on me fasse des remontrances face-à-face plutôt que d’insidieusement ruiner l’ambiance. Enfin bref…

Dubaï, c’est aussi une ville où les gens apprennent à se torcher avec l’écologie en acceptant la sur-consommation à outrance, en prenant sa bagnole pour faire 500 m ou 5 km, en usant les resources élémentaires comme l’eau ou le plastique (sérieusement, combien de fois, j’ai dû refuser un sac en plastique quand j’achetais 1 bouteille d’eau…).

Dubaï, c’est une également ville qui exploite les couches sociales les plus pauvres pour construire des bâtiments vides et vides de sens ou pour l’industrie du sexe où la limite entre consentement et exploitation reste – comme toujours dans ces cas – bien floue.

De mon point de vue, Dubai est un de ses endroits qui décuple le « mauvais » chez les gens, consciemment ou non. Et c’est avant tout la ville qui aura eu raison de ma volonté tant je m’y sens en décalage par rapport à mes valeurs. Cependant, en jetant un regard en arrière, je suis heureux de voir que je suis resté fidèle à mes convictions, à une ligne de conduite que j’estime vertueuse et d’avoir trouvé dans les adversités de nouvelles portes pour me comprendre et grandir un peu. Je pense que cette aventure a bien duré 3 mois de trop, je sais que j’aurais toujours essayé de faire de mon mieux. Et c’est l’important.

L’important, c’est surtout que tout ça c’est fini et que j’espère rentrer en France la semaine prochaine !