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Une fois n’est pas coutume, intéressons à une analyse de film. Un peu comme ce que j’avais fait pour Twin Peaks. A savoir, c’est mon blog, j’y raconte ce que je veux, a fortiori ce que je pense (même si je ne suis peut-être pas le seul à le penser). Et aujourd’hui, on va s’intéresser à une des plus grandes interrogations autour du plus culte des films de science-fiction : Blade Runner, réalisé par Ridley Scott, scénario de Hampton Fancher et David Webb Peoples, avec Harrison Ford et Rutger Hauer.

Deckard est-il un Replicant ?

L’article est long, je vais dire « oui » tout de suite, pour vous forcer à aller lire les preuves plus bas. Mais avant toute chose, il convient de faire un petit point. Plusieurs en fait.

  1. Ceux qui n’ont jamais vu Blade Runner sont priés de s’esquiver pendant que j’ai le dos tourné (afin que je ne sache pas qui c’est) et d’aller mater le film illico. Bien évidemment, ça risque de spoiler à mort
  2. Il existe 7 versions différentes de Blade Runner. 7 ! Certaines anecdotiques, d’autres changeant les interprétations du tout au tout. Celle de 1982 sortie en salle US par exemple fait la part belle à une happy end moisi pour ne pas déstabiliser ceux qui ne connaissaient Harrison qu’à travers ses rôles récents de Han Solo et Indiana Jones. Afin que tout le monde parte sur la même base, on va étudier la Director’s Cut finale de 2007, sensée correspondre à la vision de Ridley Scott. Ce n’est pas nécessairement ma préférée, mais c’est la plus aboutie et la plus intemporelle (disons qu’on n’a pas l’impression que le film a déjà 30 ans).
  3. Cette analyse n’implique que moi et probablement d’autres personnes qui ont dû dire la même chose ailleurs sur la toile, j’ai pas tout vérifier. Si on est plusieurs, ça pourrait impliquer qu’on ait raison. De toute façon, jamais on aura la réponse à la question et c’est d’autant mieux de préserver cette part de doute autour de l’origine de Deckard. Disons que j’essaie de faire avancer le débat et le mythe.

File:Blade Runner poster.jpg

Maintenant que tout est aplani, commençons avec une analyse de la question, comme on m’a appris en cours quand on se lançait dans une dissertation de philo. Deckard est-il un Replicant ?

  • Deckard est le héros de Blade Runner, interprété par Harrison Ford. Deckard est un Blade Runner à la retraite, retiré des affaires. Un Blade Runner est le nom donné à un agent de cette section particulière de la police chargée de traquer et retirer (bousiller, quoi) des replicants. Si on rappelle Deckard à rempiler, c’est tout simplement parce qu’il s’agit du meilleur et qu’il a 4 replicant qui viennent d’arriver illégalement sur Terre et qu’ils sont pas spécialement jouasses vis-à-vis de leur créateur.
  • Est-il. Bon, bah, c’est un état. Une constante qui définit son identité profonde.
  • Un Replicant. Un Replicant est un être artificiel créé de toute pièce, un machine génétique identique à l’être humain mais supérieurement développée physiquement et intellectuellement. Aujourd’hui, on considérerait plus le produit fini comme un clone que comme un androïde. Ils sont appelés Nexus, se déclinent en différents modèles (plaisir, travailleur, etc), servent principalement aux tâches ingrates (notamment pour la colonisation de Mars et possèdent une obsolescence programmée (ils meurent quand ils sont plus de piles, en gros). Deux points de détails sont à souligner : un Replicant ne possède pas la faculté d’empathie propre à l’être humain, le test Void-Khamph est notamment un des outils du Blade Runner pour déceler ce manque d’empathie ; il possède des souvenirs artificiels génériques ou bien issus de personnes réelles qui leur permettent de leur donner l’illusion de l’existence. Ce qui paraît logique, en leur offrant une vie, il travaille dans de meilleurs conditions psychiques (bien que ça reste des esclaves…)

Si Roy Batty ou Pris ont parfaitement conscience de leur statut factice, ce n’est pas le cas de Rachel – interprétée par Sean Young – à laquelle on a implanté les souvenir de la nièce de Tyroll et qui se croit absolument humaine. En d’autres termes, les Nexus-6 ont conscience de leur état (malgré eux ?), la génération suivante – Rachel – non. Si Rachel n’est pas humaine et n’en a pas conscience, se pourrait-il qu’il en soit de même pour Deckard ? La question est légitime, d’autant plus légitime qu’il n’est jamais  dit que Deckard ait été soumis au test Void-Khamph. Quand bien même il y aurait été soumis, le Blade Runner analyste aurait pu se faire berner tout comme Rachel aurait pu passer au travers des mails du test s’il avait été effectué par quelqu’un d’autre que le meilleurs des Blade Runners !

Avant de répondre à la question, il convient de s’attarder à la genèse du film et à l’opinion des différents intervenants.

  • Harrison Ford pense que Deckard n’est pas un Replicant.
  • Ridley Scott veut que Deckard soit un Replicant. Au cours d’une interview pour un documentaire autour du film, il lâche la bombe et affirme devant la caméra que Deckard est un Replicant.

Oui, certes, mais j’en envie de dire : Quelle est la légitimité de Ford ou Scott pour affirmer telle ou telle chose sur un personnage ? Et j’ai envie de répondre : aucune ! La véritable personne qu’il faut interroger, c’est le scénariste ! C’est lui qui pense les personnages, leurs émotions et leurs péripéties ! Ridley Scott est mignon, mais il n’est pas le seul porteur du film et tiré la couverture à lui sous prétexte qu’il est le garant artistique final ne justifie en rien son droit à briser des années de débat en le tranchant d’un abrupt et satisfait « He’s a Replicant. »

Si on pose la question à Hampton, le scénariste répondra qu’il a envisagé Deckard comme humain. Suite à un quiproquo sur une ligne du script où Deckard était sensé rencontrer son créateur (métaphore habituel de Dieu, qui prend une autre valeur dans un script comme celui de Blade Runner où on a déjà rencontré le personnage de Tyrell), l’autre scénariste Peoples découvre une faille dans laquelle l’un et l’autre ne manqueront pas de s’engouffrer.

La question de l’existentialisme apparaît dans le script de Blade Runner non plus au niveau des Nexus-6 (Roy Batty), mais au niveau de Deckard lui-même qui s’interroge alors sur sa propre identité. Toute l’intelligence du script est là : on ne donne pas de réponse à la question !

Mais on a peut-être glissé des indices. Indices qui au fil de l’interprétation des acteurs, des choix du directeur et de la sensibilité du spectateur finissent par créer autant d’interprétation qu’il y a d’intervenants, noyant peut-être l’idée originale des scénaristes dans la masse.

Mais voilà, et si les scénaristes avait eu un plan dans le plan non dévoilé. Alors interviennent autant de fan lambda comme moi qui y vont de leurs propres fantasmes pour dénouer le fil de la destinée de Deckard. Voilà, ce que je pense :

Deckard est-il un Replicant ? Oui, c’est même le Replicant de Gaff !

Mind-blowing instant!

C’est qui Gaff ? demanderont ceux qui ont vu le film moins d’une demi-douzaine de fois.

Gaff est le personnage joué par Edward James Olmos, le flic un peu taquin qui vient chercher Deckard pour l’amener voir Bryant, le flic qui est continuellement dans son dos et fait le mariole avec ses petits origamis au lieu de clairement dire ce qu’il pense. Gaff, quoi. Pendant très longtemps, je me suis demandé à quoi servait ce personnage… Rien, fut longtemps ma réponse.

Je pense qu’on est d’accord pour dire que Gaff et Deckard sont le jour et la nuit en terme de comportement et de fringues. Et surtout Deckard ne ressemble en rien à Gaff physiquement. C’est pas grave, c’est juste un corps. L’important, c’est que je crois que Deckard est un Replicant avec les souvenirs de Gaff !

Gaff est un inspecteur de police. Il marche avec une canne et boite énormément. Si on part du principe que cette canne et son handicap physique l’aient poussé vers cette carrière, on pourrait aisément l’imaginer comme un Blade Runner à la retraite. Comme Deckard. On pourrait même l’imaginer comme le meilleur Blade Runner de la profession. On pourrait même l’imaginer comme le type qui a grillé 2 des 6 replicants, et qu’il a été blessé à ce moment là. Son handicap physique l’empêchant de rattraper les 4 Replicants fuyards, la police (Bryant) fait appel à la Tyrell corps pour créer un nouveau Gaff, plus jeune, en parfaite condition physique, auquel on ajoute la mémoire de Gaff et son talent de Blade Runner.

Partant de cette conjecture folle, certains passages du film prennent une nouvelle dimension !

Au moment de partir avec Rachel à la fin, Deckard trouve un origami de licorne. Etrange. La licorne n’apparaît que dans les rêve de Deckard. Comment Gaff pourrait-il être au courant ? A moins de lui-même rêver d’une licorne…

File:BladeRunner Unicorn.jpg

J’ai dit que Gaff avait la désagréable habitude de communiquer avec Deckard en jouant avec des origamis. Au moment où Bryant expose la mission à Deckard, Gaff est présent dans le bureau (techniquement, il n’y a rien à y faire… sauf si…). L’origami qu’il présente à Deckad est une poule. Métaphore évidente de la « poule mouillé ». Gaff réagit de la manière dont il aurait réagi si (enfin… « quand » dans ma théorie) on lui avait proposé la mission : retrouver et buter 4 Nexus-6 en un minimum de temps, ça fait peur. Gaff sait donc ce que ressent Deckard à ce moment-là.

Après avoir rencontré Rachel, Deckard reçoit une autre surprise de Gaff. Un petit bonhomme en allumette avec ce qui ressemble très fortement à une érection. Ce que j’y lis moi, c’est « Je sais ce que tu penses de Rachel… moi aussi avant toi ».

Gaff prêterait donc son propre appartement en attendant que l’histoire soit résolue, Deckard évolue dans un environnement familier duquel il se sent pourtant détaché (cf. la scène du piano, tellement « aérienne » où l’on sent le pauvre Deckard en décalage avec son propre environnement). L’attachement aux vieilles photos en noir et blanc dont Deckard fait montre est un argument de plus pour la thèse du Replicant : en manque fondamental de preuves de sa propre identité, Deckard se rattache à des souvenirs matériels.

Après la scène finale et le monologue improvisé de Roy Batty, Gaff retrouve Deckard et le complimente d’un « you’ve done a man’s job, sir » dont les interprétations varient la façon dont on l’aborde. « Tu as fait un travail d’homme » littéralement peut devenir un bateau « t’as fait du bon boulot », un « tu as fait le boulot qui revient à un homme » ironique, voire même en poussant un peu « tu as fait mon boulot ».

Pendant une grosse partie du film, Gaff sert littéralement de chaperon à Deckard, jouant pour ainsi dire le rôle du taxi. Honnêtement, Deckard était présenté comme le meilleur des meilleurs. Cela impliquait nécessairement un permis de conduire et une liberté totale. En mettant Gaff qui suit chacun de ses faits et gestes (mais en lui laissant les parties physiques), Gaff s’assure que son Replicant suit l’enquête comme lui-même l’aurait effectuée. En faisant le taxi, c’est aussi un moyen de s’assurer que Deckard se fera pas la malle en cas de découvert fortuite sur sa propre identité.

Pourquoi le laisser partir à la fin ?

  • Le boulot est fait.
  • Remplacer des Blade Runner par des Replicant de Blade Runner, c’est viable (c’est d’autant plus viable que peu importe où ira Deckard, Gaff le saura puisque ce sont ses souvenirs et sa manière de réagir).
  • Un Replicant possède une durée de vie limitée, alors bon pourquoi s’enquiquiner plus que ça…
  • Ou bien tout simplement pour prouver un point : un Replicant – peu importe son boulot – reste un Replicant instable…

Mais il est alors intéressant de se poser la question de savoir si l’incident « Roy Batty » était bien un accident. Et si, tout cela n’était qu’un gigantesque complot/test pour tester la viabilité d’un Replicant pour traquer des Replicants ? Personnellement, j’y crois moins, mais la question mérite d’être posée dans le cadre d’un « Deckard est un réplicant ». Sans aller à parler de « complot », il est toujours assez alléchant de penser à la perfection d’un Nexus-7 (potentiellement le modèle de Rachel) pour traquer les imprévisibles Nexus-6

Allons un tout petit peu plus loin dans la réflexion autour de Gaff. Souvenez-vous de la phrase-clé du film :

« C’est dommage qu’elle ne vivra pas. Mais encore une fois, qui le fait »  à comprendre soit comme un « Elle ne sera jamais heureuse (vivre pleinement sa vie), mais qui l’est » ou plus littéralement « Elle va mourir. On meure tous ». La plupart des débats sur la Replicantitude de Deckard sont nés de cette phrase, répétée juste avant le noir final. A ce moment de la scène, Gaff se casse, laissant à Deckard une occasion de s’évanouir avec Rachel. Pas très professionnel… (même en admettant que c’est un humain, le laisser partir avec un Nexus, ça fait pas sérieux de sa part) Le rappel de la licorne à Deckard sonne désormais comme un « Je sais, maintenant tu le sais, profites-en ça va pas durer ».

Certains font aussi état des lueurs dans les yeux de Rachel et Deckard pour appuyer leur propos…

MAIS, et SI cette phrase ne s’appliquait pas seulement à Deckard mais à Gaff lui-même. Non en tant qu’humain, mais tant que Replicant !

Souvenez-vous, plus haut j’ai dit que les Nexus-6 avait conscience de leur état de Replicant ET de leur mortalité. Pas les Nexus-7 (ou l’équivalent du prototype de Rachel, donc du prototype de Deckard). Ajoutons, comme on a pu le voir dans le film avec Roy qui a de plus en plus de mal a se servir de ses mains, que les Nexus-6 ont une dégénérescence programmée, le boitement de Gaff ne serait plus l’effet d’un accident mais l’effet de la dégénérescence programmée, signe de sa proche fin de vie !

Deckard est un Nexus-7, Gaff un Nexus-6, héritier des souvenirs d’un Nexus-5, héritier d’un Nexus-4…  

Ce voudrait dont dire que, pendant des années, le meilleur tueur de Replicant était un Replicant cloné de génération en génération jusqu’à retourner aux origines des souvenirs et à ces incompréhensibles et anachroniques photos en noir et blanc dans l’appartement de Deckard, qui auraient en fait appartenues au premier vrai Blade Runner (ou à la première programmation du meilleur Blade Runner) !

Mind-blowing instant!

Gaff passe donc ainsi du personnage-taxi quasi-inutile à celui de personnage-clé. Nexus-6 en fin de vie, il devait s’assurer du transfert et de la validité de la prochaine génération. En laissant Deckard partir, Gaff rompt avec la chaîne, avec ses souvenirs et offre à Blade Runner une véritable libération de l’espèce artificielle chère à la science fiction, celle que cherchait Roy Batty à sa façon (et qu’il donne, aussi à sa façon, à Deckard avec le monologue final).

N’hésitez pas à commenter si vous adhérez ou non à tout ou partie de mes théories sur la Replicantitude de Deckard. L’une dans l’autre, le meilleur dans ce film, c’est de toujours arriver à la fin et – même aprés 2400 mots dans un article – ne jamais être sûr de rien !

Prometheus est un film réalisé par Ridley Scott, avec Charlize Theron (Young Adult), Michael Fassbenber (X-Men: Le commencement) et Noomi Rapace (Sherlock Holmes 2: A Shadow Game).

Un couple d’archéologues/anthropologues pensent détenir la clé de l’origine de l’humanité grâce à d’anciennes peintures rupestres et autres signes mystiques. Ils réussissent et un mec bourré de fric de leur monter une expédition aux confins de l’espace, vers la planète qui porterait nos supposés géniteurs. Bien sûr, comme le film est vendu comme les origines du film Alien, ça va mal se passer…

En allant voir un film au cinéma, je suis toujours ravi en sortant. C’est sûrement l’effet « j’ai donné un rein pour payer ma place de cinéma alors le film se devait d’être cool ». Les semaines passant, j’y repense et mon jugement change petit à petit, retourne au point d’équilibre objective et je peux me fendre d’une chronique qui ne soit pas biaisée. Ainsi, mon verdict sur Prometheus est :

Bah c’était pas terrible du tout… limite bien naze.

Et comme toujours, la seule raison au coeur d’un tel couperet tient en un seul mot : scénario. Le scénario est débile. Si en plus on ajoute des personnages crétins aux réactions idiotes, il ne reste plus grand chose pour rattraper le coup. Je pense que la plus belle preuve de ce que j’avance est : deux personnages décide de faire un groupe de 2 (ce qui est toujours, toujours, toujours débile) et se perdent. Ils arrivent à se perdre alors que :

  1. L’un des types est le responsable de la cartographie
  2. Ils sont en liaison permanente avec le vaisseau qui reçoit les données cartographiques, donc ils auraient pu demander leur chemin… … …

Et ce n’est qu’un exemple de décisions crétines qui seront prises constamment par les membres de l’équipage (mention spéciale au scientifique de service qui ne prend aucune précaution avant de pénétrer dans le tombeau alors qu’il me semblait clair depuis les premières explorations de pyramides égyptiennes qu’il fallait prendre son temps et envoyer d’abord les robots…). Les responsables de cette perle de script sont Ridley Scott himself, Damon Lindelof et Jon Spaihts. Comme quoi la présence du premier est fantoche, celle du second n’est définitivement pas un gage de qualité (Lost) et le troisième devrait bénéficier d’un accélérateur de carrière.

Bref, on n’ira pas voir Prometheus pour son écriture. On n’ira pas le voir non plus pour sa direction artistique fade et sans intérêt. N’est pas HR Giger qui veut !

On pourrait éventuellement aller voir Prometheus pour les performances de Charlize Theron et Noomi Rapace, plutôt crédible en dépit des caractérisations de leur personnage et leur manque de subtilité (oui, c’est toi que je regarde, le complexe d’Electre foireux !). Mais de toute façon, leurs prestations sont éclipsées par celle de Fassbenber, en androïde complexe. Il s’est inspiré de Blade Runner et de Rutger Hauer (la référence de base, donc) et le résultat se sent.

En parlant de Blade Runner, inutile de dire que le nouveau film en préparation avec Ridley Scott aux commandes me fait désormais particulièrement peur…

On pourrait aller voir Prometheus pour sa scène de césarienne un peu craspect mais sans réelle tension dramatique (et oui, on ne va pas faire claquer l’héroine à la moitié du film, hein). Mais comme après elle se met à courir le 200 mètres sprintés sans faire péter ses sutures, on ne peut que lever le sourcil et ajouter cette aberration à la longue liste de débilités d’un scénario pondu par trois types qui ont dû passer plus de temps à se toucher la nouille qu’à travailler sérieusement.

On pourrait aller voir Prometheus parce que sa bande annonce était plutôt bien foutue et rappelle dans l’inconscient cinématographique celle d’Alien, le 8ième passager mais ce serait faire la même erreur de jugement que moi…

On pourrait aller voir Prometheus comme moi, mais ce serait une perte d’argent. Limite, je me demande si on ne ferait pas mieux d’aller voir Promotheus: le commando stellaire

On pourrait aller voir Prometheus en se disant que c’est une allégorie à propos du mythe de Prométhée, de la façon dont il a volé le feu des dieux pour se retrouver en enfer, une espèce de deuxième degré de lecture sur le conflit et les interrogations de l’homme sur son créateur… Honnêtement, si ça avait été aussi intelligemment réfléchi que ça, j’aurais pas besoin de cracher sur tout le reste…

En conclusion, vous ferez mieux de ne pas aller voir Prometheus

Pour l’anecdote rigolote, la bande son avait sauté durant ma projection avant d’être remplacée par la musique d’ascenseur qui comble en attendant que la séance démarre. En pleine scène de tension, ça casse encore un peu plus le film…

Hobo With A Shotgun est un film réalisé par Jason Eisener, avec Rutger Hauer (Blade Runner) et Molly Dunsworth.

Un clochard arrive dans une petite ville par le train. Il se voyait déjà acheter une tondeuse à gazon et recommencer sa vie honnêtement. Sauf qu’il a choisi la pire ville pour se reconvertir. Dirigée par un gangster aussi tyrannique qu’excentrique et vérolée à tous les étages de la population, le clochard n’a d’autres choix que celui de faire régner lui-même justice, avec un fusil à pompe et une bastos à la fois ! (Oui, je reprends la tagline si je veux)

A l’origine, tout comme Machete, Hobo with a Shotgun n’était qu’une fausse bande annonce pour un faux film diffusée entre le diptyque Planet Terror et Boulevard de la Mort. Et tout comme Machete, Hobo with a Shotgun a eu le privilège de se voir adapté en vrai film.

Et comme je ne fais jamais rien comme tout le monde, j’ai commencé par la fin, sans même avoir vu les autres. C’est un peu la faute à la présence de Rutger Hauer, on est fan de Blade Runner ou on ne l’est pas ! Mais peu importe, cela n’a pas d’importance pour comprendre le film ou l’esprit du film. A savoir le Grind House, le nom officiel du susnommé diptyque. En d’autres termes : un thriller d’épouvante gore qui imite les films d’exploitation des années 70.

Alors voilà, le scénario est loin d’être épais, les personnages unidimensionnels et caricaturaux et les situations tellement extrêmes qu’elles forcent le sourire sur le visage du spectateur de par leur grand-guignol sanguinolent. Ca défouraille de tous les côtés, ça décapite dans plusieurs scènes, ça charcute et tronçonne dans d’autres, ça gicle régulièrement… Bref, ça fait appel à votre cerveau primitif et ça fait du bien. Un peu comme jouer à Postal, en fait.

Comme tous les films de ce genre, c’est bien évidemment à prendre au 25ème degré avec sa débauche d’excentricité, son sang, ses poulpes géants (sic!), ses vilains badass et sa moralité borderline. Ceux qui chercheront à intellectualiser l’œuvre trouveront une très facile métaphore de la société américaine avec son côté dépravée, amatrice de grands spectacles télévisés débiles, sa manipulation par les médias et la tristesse que représente son taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

Le film vaut également pour la très grande prestation du très grand Rutger Hauer, désormais et malheureusement cantonné série B (Hobo, ça reste tout de même de la série B de luxe…), qui donne beaucoup de profondeur à son personnage (comme toujours, ses monologues sont prenants… vous verrez dans l’hôpital).

On notera un traitement très intéressant de l’image pour lui donner un côté brûlé et saturé, chose que l’on voit par exemple sur les westerns de l’époque, histoire de parfaire l’imitation de films d’exploitations.

Hobo with a shotgun n’est certes qu’une sortie en direct-to-dvd, mais il est tellement jouissif et possède suffisamment de bonnes qualités qu’il serait dommage de passer à côté. Petites natures s’abstenir, cependant. Quant à moi, je rajoute les autres films dans la longue liste de ceux que j’ai à regarder.