Video Games est un roman de D.B. Weiss, aux éditions Sonatine.

Adam Pennyman s’est lancé dans l’élaboration d’un catalogue sur les vieux jeux vidéo (Pong, Frogger et consorts). Mais sur son chemin se dresse l’impénétrable Lucky Wander Boy, jeu mystique abscons dont personne n’a jamais réussi à passer la deuxième phase. Adam va devoir se mettre en quête d’Itachi, la créatrice du jeu pour résoudre le mystère Lucky Wander Boy.

J’avoue, j’ai été d’une faiblesse sans nom. Je déambulais dans les rayonnages miteux du trou noir culturel que me sert de librairie, et j’ai trouvé ce roman. Video Games. Ca me parle, je suis dans le coeur de cible. Il y avait un bandeau rouge dessus : « Par le scénariste de la série à succès Game of Thrones« , ou une audace marketing s’en approchant. Comme si surfer sur la vague de succès inhérent à la série pouvait donner un semblant de crédibilité supplémentaire à ce premier roman et auteur sorti de nulle part. Statistiquement, les gens qui apprécient les jeux vidéo ont piraté la série les lendemains de sa diffusion sur HBO, donc l’un dans l’autre, le poisson est ferré.

J’ai jeté le bandeau rouge ! Ce n’est pas avec des bandeaux rouges qu’on réussit à me faire débourser 21 euros ! Je lis le 4ème de couverture. Par un habile jeu d’association d’idées, on me fait comprendre que ce livre est la suite spirituelle de Generation X de Douglas Coupland. Manque de bol, j’ai pas lu. Re-manque de bol, j’ai lu la vraie suite spirituelle de Generation X, intitulée jPod, par le même hauteur. J’ouvre le livre, il y a des typographiques différentes genre échanges de mail qui me renforcent dans mon appréciation « suite spirituelle de la suite spirituelle ». Je reviens au 4ème de couv’ pour lire un pitch sensiblement équivalent à celui du début d’article.

Je regarde qui a été payé pour placer une citation sans même avoir lu le livre. Steve Erickson… Je sais pas qui c’est. A moins qu’il ait inventé le téléphone portable. Il y a aussi Will Wright, derrière lequel on a ajouté « le créateur des Sims »… C’est moche, parce que moi – vrai amateur de jeux vidéo – je sais qui est ce monsieur. Là, j’aurais du me méfier et me dire que si on se sent obligé de me préciser qui est Will Wright, je ne suis ptête pas autant dans le coeur de cible du bouquin que je le croyais. L’équipe marketing y va de son petit mot pour appâter le chaland : « premier grand roman générationnel sur les gamers et les geeks » ou une audace marketing s’en approchant. On n’y va pas avec le dos de la cuillère à pot.

Objectivement, même avant même de commencer à lire, ça puait. Je l’ai quand même acheté et je l’ai lu. Finalement assez rapidement. Surtout sur les 15 dernières pages, où j’en avais carrément ma claque et j’avalais demi-page par demi-page.

Le style de l’auteur est assez finalement quelconque et ne tire son épingle du jeu que durant les pages dites du « Catalogue » où il fait montre d’une certaine analyse philosophico-economico-metaphysique sur les jeux datant d’avant le premier Krach du jeu vidéo (1983), les jeux sur arcade/Atari/Intelvision. Les jeux que j’ai connus, mais sincèrement trop peu pour être réellement investi dans le trip. Il faut dire aussi que souvent, l’écriture se touche le nombril avec des petits cercles. A sa décharge, c’est pas l’auteur, mais le narrateur qui parle.

Et bien le narrateur est un gland. Une image complètement réductrice du geek (limite nerd) qui frôle l’antipathie. Et dire que Weiss fut chargé du script d’un épisode de Halo… Pour quelqu’un d’aussi investi dans le milieu geek, pondre un (des) personnage(s) aussi clichés dans leur obsession où leur grandiloquence… Adam est un bon gros looser, catégorie « aucune chance de s’y attacher » avec des rêves débiles et une façon des plus étranges d’appréhender son obsessionnelle quête.

On sent bien l’inspiration et le désir de lorgner vers le brio de Douglas Coupland : mon conseil, allez plutôt lire jPod ! Le niveau WTF est un bon cran au dessus et on a une histoire qui tend un tout cohérent, très loin du pédantisme machin bidule qui alimente le livre de bout en bout (surtout dans le bout lu par demi-page à la fin). Certes, je suis le premier à élever le jeu vidéo au rang d’art et à clamer que celui-ci – quand il est bien fait – recèle d’une part culturelle qui touche à la philosophie et/ou poussent l’acteur lambda derrière son paddle à se poser des questions. Même sur des giga-productions comme Far Cry 3. Au mieux, vous apprendrez deux ou trois trucs historiques, mais ça se limitera à ça.

Il aurait également été appréciable de ne pas céder à la facilité et – quitte à se revendiquer vieux gamer – chercher à construire son histoire sur des titres de légendes, non à inventer de toute pièce un Lucky Wander Boy pour les besoins de son histoire. Car le seul point positif de ce livre, c’est bien la recherche archéologique et comment user de l’immense liste de oldies comme support de la narration (le passage avec Frogger était une bonne transition, par exemple).

En plus, l’édition française est moche avec sa couverture de circuit imprimé…

Bref, Video Games est un livre que j’ai détesté, très clairement mensonger sur la façon d’aborder son public cible, ultra-prétentieux sur la forme, vide sur le fond et qui ne mérité absolument pas que les gamers – même les plus vieux qui se cherchent une madeleine de Proust – perdent leur temps avec. Gamers, perdez votre temps sur des jeux, je vous ferai signe s’il y a un roman basé sur votre passion qui vaille la peine !

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