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Repo Men est un film réalisé par Miguel Sapochnik, avec Jude Law (eXistenZ) et Forest Whitaker (Ghost Dog), sur un livre de Alex Garcia (The Repossession Mambo).

Dans un futur pas si loin que ça, The Union est une société qui propose à qui le souhaite l’opportunité de s’offrir un organe 100% artificiel (je vous laisse jeter un œil à l’affiche pour les prix). Si jamais, par un malheureux hasard de la vie, vous n’étiez pas capable de payer votre nouvel arteforg, un repo man de The Union (reconnaissable à leur tatouage sur le cou) viendra récupérer l’organe. Sans plus de formalité ni assistance médicale, dans votre salon ou votre bagnole, et vous laissant crever ensuite. Rémy est un repo man. Le meilleur même. Il fait joyeusement son boulot, en équipe avec son meilleur pote. Seulement voilà, Rémy a une famille et une envie de raccrocher pour passer plus de temps avec elle. Un dernier job et on en parle plus… Sauf que le dernier job tourne mal et que Rémy se retrouve malgré avec un cœur artificiel. Et, étrangement, le cœur a été livré avec une conscience : pétri de remords, Rémy ne peut plus faire son boulot comme avant. Pas de boulot, pas d’argent. Pas d’argent… Rémy va passer de l’autre côté de la barrière et être traqué par ses anciens collègues à qui il doit un cœur.

Honnêtement, Repo Men ne propose pas le scénario de l’année, remaniant la classique recette qui du chasseur devient chassé, mais si l’on sait regarder au delà de l’évidence, Repo Men est un bon film ! Un excellent petit film même, pile dans le genre que j’adore totalement par son mélange de science-fiction et de scènes d’action virile avec en sous-thèmes d’intéressantes questions et symbolismes.

Encore une fois, il s’agit d’un film qui a eu une distribution en France pourrave avec une sortie ciné intimiste et une distribution DVD massacrée malgré son casting de qualité. Il n’a pas été aidé par son flop aux USA… D’accord. Mais qu’à cela ne tienne, cet article va vous faire acheter le film.

Je disais que le scénario est somme toute classique, il réserve cependant son petit lot de rebondissements de derrière les fagots qu’on n’avait pas vu venir. Il a un côté film noir avec sa voix-off, un côté humour noir vraiment sympathique, un côté film d’anticipation un peu fauché sur les bords qui l’empêche d’avoir une débauche d’effets spéciaux. N’en ayant jamais particulièrement entendu parlé, j’avais un a priori négatif… comme tous les films qui traitent d’une façon ou d’une autre avec les scalpels et le trafic d’organes. Comme tous les préjugés sans fondement, c’était bien stupide car le film est vraiment cool et rafraîchissant. Les fameuses scènes avec les tripatouillages d’organes sont traitées avec cet humour noir susnommé qui fait que cela passe très bien. Le film est très clairement découpé en deux parties, avec deux ambiances très différentes pour symboliser les deux états d’esprits du protagoniste. Certains n’apprécieront pas la deuxième partie, je ne pourrais pas leur en vouloir, à moins de rentrer complètement dans le trip comme moi, elle pourrait apparaître comme plus faible.

Le scénario d’Alex Garcia brosse plusieurs thèmes propre au genre. Ceux de Never Let Me Go, de façon moins poétique. Mais aussi le côté humain/machine que ce soit avec le rôle de Beth ou la prise de conscience de Rémy (ça me rappelle aussi d’autres références, mais impossible de mettre le doigt dessus… anyone ?). Combien coûte la vie humaine, un tacle pour la société de consommation… La plupart des thèmes chers au cyberpunk, en fait… Il y a aussi d’intéressantes perspectives évoquées sur le fascisme en général avec des parallèles évidents entre les rafles SS et celles des Repo Men. Mais la dose d’humour noir derrière tout cela et les scènes d’action font agréablement passer les pilules « plusieurs degrés de lectures ». Je ne peux m’empêcher toutefois de souligner tout le côté sexuel de l’avant-dernière scène pour que ceux qui regarderont, la regardent avec cette idée en tête…

Tous les personnages ont le mérite d’avoir une très bonne caractérisation sur plusieurs niveaux, ce qui rend leurs interactions justes et réalistes. Certes le personnage de Rémy est très classique, mais la prestation de Jude Law est savoureuse (surtout dans les situations cyniques). Mais les personnages les plus intéressants restent ceux de Forest Whitaker en meilleur ami Repo Man jovial et pro-The Union et de Liev Shreiber en commercial uber efficace et sans âme. Le rôle de Beth est un peu plus cliché mais il fonctionne bien dans son côté « Super Jamie ». De toute façon, au regard du casting, il n’y a aucune raison d’être déçu !

Côté réalisation, on sent bien le manque de sous derrière avec des plans assez serrés dans la première partie, puis larges dans les ruines de la deuxième. C’est très propre en dépit de cela, à part deux ou trois scènes qui font intervenir trop de figurants et deviennent brouillon. Les scènes d’action sont filmées avec classe et raviront les amateurs de John Woo. Les esprits chagrin les trouveront grandguignolesques, toujours dans cette fameuse deuxième partie, les autres (surtout ceux dans le trip ou qui remettront cette deuxième partie en perspective après visionnage) les trouveront parfaitement dans le ton.

Repo Men me rappelle des films comme Minority Report, Equilibrium, Total Recal, des films comme Volte-face, des films de genre gores à petit budget comme Zombie. Pour apprécier Repo Men, il faut apprécier ces films. Il faut assez apprécier le second degré, la violence graphique, parfois le politiquement incorrect et le divertissement pop-corn. Repo Men est un film sous-estimé, dont on n’a pas assez entendu parlé, et c’est mon coup de cœur de la semaine !

Et vous, vous signez ?